Commentaire composé de "La ballade des pendus" de François Villon

Commentaire composé de "La ballade des pendus" de François Villon

Commentaire composé

1 - Une danse macabre frappante

 

À travers sa ballade, Villon décrit une danse macabre : “Vous nous voyez ci attachés, cinq, six”, ils pendent au gibet. Villon en fait partie puisqu’il reconnaît également avoir mangé la nourriture qu’il n’aurait pas dû, ce qui est criminel en temps de famine car ça entraîne la mort de ceux qui en sont privés : “Quant à la chair, que trop avons nourrie”, il demande pardon de s’être trop attaché aux choses de la chair c’est-à-dire aux choses matérielles. La description des cadavres qui pendent se veut le plus réaliste possible pour frapper l’imagination : “Elle est piéça dévorée et pourrie, Et nous, les os, devenons cendre et poudre.” La décomposition des os fait allusion à la phrase : “Tu es né poussière et tu retourneras à la poussière”. Il dit également que les pendus sont laissés sur le gibet : “La pluie nous a débués et lavés, Et le soleil desséchés et noircis” et donc ils sont exposés aux intempéries. Puis il continue à décrire ce qu’il en advient : “Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés, Et arraché la barbe et les sourcils.”, et explique en détail ce qui lui arrive. La mort est mise en scène avec la description de plus en plus horrible des événements. Les cadavres sont pendus et donc sans cesse en mouvement à cause du vent : “Jamais nul temps nous ne sommes assis Puis çà, puis là, comme le vent varie, A son plaisir sans cesser nous charrie”, il y a un réel mouvement de tourbillon qui est alimenté à la fois par les images et le refrain qui fait simule la danse macabre. Il renforce enfin son image terrifiante par la comparaison à des dés à coudre très précise : “Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre”, ce qui montre la décomposition progressive des cadavres et la putréfaction des cadavres dévorés par les charognards. Donc la visualisation fait ressortir le thème du memento mori (souviens-toi que tu vas mourir), et l’horreur.

 

2 - Une prière adressée aux hommes

 

Villon commence à s’adresser aux hommes : “Frères humains, qui après nous vivez”, comme s’il était déjà mort et leur rappelle cette déclaration de Jésus : “Heureux les coeurs miséricordieux car ils obtiendront miséricorde” en les priant d’avoir de la pitié pour ceux qui ont péché afin qu’à leur tour il soit pardonné : “N'ayez les coeurs contre nous endurcis, Car, si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plus tôt de vous merci.” Il demande aux hommes que personne ne se moque de leur malheur : “De notre mal personne ne s'en rie” ; “Hommes, ici n'a point de moquerie” et demande de la compassion aux hommes même s’il est condamné à mort par une décision de justice : “Se frères vous clamons, pas n'en devez Avoir dédain, quoique fûmes occis Par justice.” Il reconnaît aussi ses torts devant les hommes, c’est souligné par le rejet de “par justice” sur le vers suivant, dans le but de leur faire comprendre qu’ils ne sont pas parfaits eux non plus et que tout le monde pourrait être dans son cas : “Toutefois, vous savez Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.” Il les met donc en garde contre les actions qu’ils pourraient faire qui les conduiraient à la mort et leur demande de les laisser en paix et de ne pas les tourmenter davantage : “Nous sommes morts, âme ne nous harie”.

 

 3 - Une prière adressée à Dieu

 

Le refrain est une prière où le poète demande aux hommes d’intercéder pour lui : “Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !” Il espère que Dieu lui pardonnera ses péchés. Ce refrain répété quatre fois donne à sa prière une allure de chanson qui a porté les éditeurs à surnommer ce texte très musical “La Ballade des pendus”, la ballade étant un genre très en vogue au moyen-âge. Villon s’adresse aussi à la Vierge Marie pour qu’elle intercède auprès de son fils Jésus afin qu’il leur pardonne leurs péchés. Il exprime qu’il a peur de l’enfer : “Excusez-nous, puisque sommes transis, Envers le fils de la Vierge Marie, Que sa grâce ne soit pour nous tarie, Nous préservant de l'infernale foudre.” Villon demande encore une fois pardon à Jésus et de le protéger des puissances infernales : “Prince Jésus, qui sur tous a maistrie, Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie”. “A lui n'ayons que faire ne que soudre” : Villon ne veut pas rendre des comptes au diable, ce qui signifie que sa seule peur est d’aller en enfer : “A lui n'ayons que faire ne que soudre”.


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