Commentaire composé sur la madeleine de Proust dans A la recherche du temps perdu Du côté de chez Swann

Commentaire composé sur la madeleine de Proust dans A la recherche du temps perdu Du côté de chez Swann

Commentaire composé

Dans cet extrait de l'œuvre de Marcel Proust, l'évocation d’un souvenir involontaire sert de prélude à une profonde réflexion sur l'expérience sensorielle et sa transcendance par l'écriture autobiographique.

I) Un souvenir involontaire

Le récit s'ouvre sur la mise en place d'un cadre spatio-temporel précis, où le narrateur évoque Combray, un lieu de son enfance désormais lointain. Cette évocation, soulignée par la citation "Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher n’existait plus pour moi", sert à ancrer le souvenir dans une réalité tangible.

Le cadre se précise lorsqu'un jour d'hiver, le narrateur, rentrant chez lui et sentant le froid, se voit proposer par sa mère de prendre du thé, une habitude qu'il n'avait pas. Ce moment, illustré par "quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé", marque le début de son expérience involontaire.

Le refus initial suivi d'un revirement du narrateur, "Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai", montre une résistance à l'expérience qui ne fait qu'amplifier son caractère involontaire. Ce moment d'hésitation souligne l'inattendu de l'expérience sensorielle qui va suivre.

L'approche presque scientifique du narrateur, tentant de reproduire et d'analyser ses sensations, est révélée dans "Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m’apporte un peu moins que la seconde". Cette démarche met en évidence sa quête de compréhension face à un phénomène qui le dépasse.

II) L’extase du souvenir

La description de la madeleine, "Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblaient avoir été moulées dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques", révèle un foisonnement de sensations. L'auteur mobilise la synesthésie en évoquant des perceptions gustatives, visuelles et tactiles, enrichissant l'expérience du souvenir.

L'acte de manger la madeleine, décrit avec minutie, "Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine", représente un moment de bascule vers une révélation intérieure. Cet acte, simple en apparence, devient une porte d'entrée vers l'inconscient du narrateur.

La réaction immédiate du narrateur, "Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi", marque le début d'une expérience transformative. La madeleine agit comme un déclencheur, propulsant le narrateur dans un état de conscience modifié où il se sent envahi par un "plaisir délicieux", illustrant la puissance de l'expérience sensorielle.

III) La transcendance par l’écriture autobiographique

Le souvenir de la madeleine devient un vecteur de réflexion sur l'acte d'écrire, notamment l'écriture autobiographique. Le narrateur, en analysant son expérience, se confronte à la complexité de retranscrire fidèlement ses sensations et émotions.

L'expérience de la madeleine est aussi une exploration de l'identité et de la mémoire. Les questions "D’où avait pu me venir cette puissante joie ?" et "Que signifiait-elle ?" suggèrent une quête d'auto-compréhension, où la sensation gustative devient un moyen de sonder l'inconscient.

Enfin, la conclusion "Chercher ? pas seulement : créer." révèle une prise de conscience fondamentale du narrateur : l'écriture autobiographique, loin d'être une simple retranscription des événements, est un acte créatif. Le narrateur reconnaît que son récit, bien que basé sur des souvenirs réels, est aussi une construction, une œuvre d'art à part entière.

Ainsi, à travers l'évocation d'un souvenir involontaire, Proust invite le lecteur à considérer la complexité de la mémoire, l'expérience sensorielle comme catalyseur de la conscience, et le pouvoir transcendant de l'écriture autobiographique.


Écrire commentaire

Commentaires: 2
  • #1

    blanchard (mardi, 20 octobre 2020 09:43)

    Super cette analyse

  • #2

    Malika (dimanche, 23 octobre 2022 21:13)

    S'il vous plaît j'ai besoin le commentaire de ce texte