Commentaire composé sur l'article Torture de Voltaire

Commentaire composé sur l'article Torture de Voltaire

Voltaire, dans son œuvre "Dictionnaire philosophique", utilise une argumentation fine et incisive pour dénoncer la torture. Son approche est caractérisée par l'ironie, la dénonciation directe et l'usage de références culturelles et historiques pour critiquer cette pratique barbare. Analysons comment il construit son argumentation.

 

**I. Une justification ironique de la torture**

 

**1. La torture divertissante**

 

Voltaire débute par une ironie mordante, dépeignant la torture comme un divertissement. Lorsqu'il évoque le bourreau qui "se donne le plaisir de l'appliquer à la grande et à la petite torture", il souligne l'aspect ludique et cruel de la torture, perçue comme un jeu macabre. L'allusion à "la comédie des Plaideurs" de Racine renforce cette idée, assimilant la torture à un spectacle, une forme de divertissement pervers.

 

Le passage sur le "grave magistrat" qui raconte ses expériences de torture à sa femme lors du dîner est particulièrement révélateur. Voltaire critique ici la banalisation de la violence et la déshumanisation des victimes, montrant comment la torture est intégrée dans le quotidien des élites comme un sujet de conversation ordinaire.

 

**2. Les victimes déshumanisées**

 

Voltaire poursuit en soulignant la déshumanisation des victimes. En rappelant que les Romains ne torturaient que les esclaves, considérés comme non-humains, il établit un parallèle avec la société de son époque, où les prisonniers, dégradés et maltraités, perdent leur humanité aux yeux de leurs bourreaux. Cette déshumanisation facilite la pratique de la torture, en réduisant les victimes à de simples objets.

 

**II. Dénonciation de la torture et de la justice française**

 

**1. La torture, une pratique d'un autre temps**

 

Voltaire pointe l'anachronisme de la torture dans une société qui se veut éclairée. Il utilise l'exemple de l'Angleterre, traditionnellement vue comme rivale et moins civilisée par les Français, pour souligner l'ironie de la situation : les Anglais ont abandonné la torture, tandis que les Français, qui se considèrent comme plus humains, la pratiquent encore. Cette comparaison met en évidence le retard moral et éthique de la France.

 

L'affirmation "Ce n'est pas dans le XIIIème ou dans le XIVème siècle que cette aventure est arrivée, c'est dans le XVIIIème" souligne l'incongruité de la torture dans une époque qui se veut rationnelle et humaniste.

 

**2. Dénonciation de la cruauté de la nation française**

 

La présence d'un chirurgien lors des séances de torture est particulièrement frappante. Voltaire dénonce ici l'absurdité d'une figure censée guérir et sauver des vies, utilisée pour prolonger la souffrance. La banalisation de la torture est encore soulignée par l'attitude des femmes, qui, de révoltées, deviennent curieuses et intéressées, illustrant une dépravation morale généralisée.

 

L'exemple du chevalier de La Barre est un cas concret de cette barbarie : un jeune homme prometteur est soumis à des tortures inhumaines pour des fautes mineures. Voltaire met en lumière l'extrême cruauté et l'absurdité des juges français, dépeignant une justice dévoyée et barbare.

 

**Conclusion**

 

Voltaire, dans cet extrait, utilise l'ironie, la satire et la dénonciation directe pour critiquer la pratique de la torture. Il met en lumière la déshumanisation des victimes, la banalisation de la violence et l'anachronisme de cette pratique dans une société qui se veut éclairée. Sa critique va au-delà de la torture elle-même pour toucher la société française dans son ensemble, dénonçant une cruauté et une hypocrisie profondément ancrées. Cet extrait est un exemple éloquent de la manière dont Voltaire utilise sa plume pour combattre l'injustice et promouvoir les idéaux des Lumières.


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Commentaires: 1
  • #1

    tarek (mardi, 28 juillet 2020 01:29)

    merci