Commentaire composé sur Villiers de L’Isle-Adam, Contes cruels, Duke of Portland, incipit Du début jusqu’à « elle s’était évanouie ».

Commentaire composé sur Villiers de L’Isle-Adam, Contes cruels, Duke of Portland, incipit Du début jusqu’à « elle s’était évanouie ».

Comment  ce début de récit met-il habilement en oeuvre le motif de la disparition, caractéristique du récit policier ?

 

I) Un univers particulier

 

L’atmosphère de ce début de nouvelle est angoissante et mystérieuse. Le paysage est hautement symbolique. Le Duc de Portland vit reclus sur un cap assailli par les vagues en pleine tempête, ce qui symbolise les assauts de désespoir que subit son âme tourmentée. Il est perdu, comme l’indique la symbolique du jardin : « au milieu de sombres jardins et de pelouses boisées ». La route qui mène chez lui est sinueuse comme les méandres de son âme. Le manoir est fortifié pour dissuader les gens de le déranger : « il s’était fait l’habitant solitaire de ce massif manoir à créneaux ». La vue sur les steamers qui s ‘éloignent à l’horizon montre qu’il a envie de s’évader. Seul point lumineux, le phare, ce « feu rouge » au loin, tel un repère inaccessible. « ses lourdes grilles dorées sur le sable même de la plage, immergé aux heures du reflux » indique que le Duc est sous l’influence de la lune, puisque l’eau évoque les émotions desquelles il est prisonnier. C'est un texte romantique qui insiste sur le motif de la tempête  représentatif de l'état d'esprit du personnage. Le thème du château médiéval possiblement hanté est également cher aux romantiques qui célèbrent la poésie des ruines, le Duc de Portland étant lui-même devenu un mort vivant. 

 

L’intrigue fait penser à un roman policier car le duc disparaît mystérieusement. De plus, la lettre cachetée de noir évoque le deuil alors qu’on nous dit qu’il n’est pas mort. Le Duc de Portland se retire de la vie sociale sans que l’on sache pourquoi et devra demeurer invisible donc reclus chez lui. Les femmes montrent beaucoup d’émotion (« elle s’était évanouie »), mais le lecteur n’en connaît pas la cause car la lettre est détruite afin « que son secret soit gardé ».

 

II) Une mystérieuse nouvelle

 

Les premières lignes de la nouvelle introduisent le personnage du Duc de Portland en dressant de lui un portrait moral le dépeignant comme un jeune homme aimant la vie et assoiffé d’aventure (« ses fabuleux voyages et ses amours »), ce qui souligne la surprise provoquée par l’annonce « il avait disparu brusquement ».

 

La reine utilise des phrases déclaratives à l’indicatif (« Il ne doit plus siéger au Parlement ») et à l’impératif (« Ne vous inquiétez plus de sa personne »), deux modes qui ancrent l’aspect irrévocable de sa décision d’exclure le Duc de Portland de la vie sociale (« que nul de ses hôtes ne cherche jamais à lui adresser la parole »). Cela augmente la tension et laisse deviner la gravité du message contenu dans la lettre.

Écrire commentaire

Commentaires: 0