Analyse de Jean Genet, Les Bonnes, extrait du milieu de la pièce, de « Il ne faut pas s’affoler » à «  Non que je veuille tendre de noir l’appartement, mais enf

Analyse de Jean Genet, Les Bonnes, extrait du milieu de la pièce, de « Il ne faut pas s’affoler » à «  Non que je veuille tendre de noir l’appartement, mais enfin… »

Comment cette scène crée-t-elle une atmosphère de malaise ?

 

Solange ne parle pas en domestique dans cette scène. Elle se trahit car si Madame était plus attentive elle verrait facilement à travers le trouble de Solange et les propos qu’elle lui tient qu’elle en sait beaucoup plus qu’elle ne devrait sur l’affaire de Monsieur : «  J’ai vu acquitter des cas plus graves », «  Je vous parle d’un homme qui avait commis quelque chose de pire. Enfin… »

Les phrases interrogatives montrent l’étonnement de Madame devant la réaction de sa bonne : « Des cas plus graves ? Que sais-tu de son cas ? »

Madame donne à Solange des informations sur l’arrestation de Monsieur afin de couper court cette conversation qui l’exaspère : « Tu es satisfaite ? » montre que Madame est consciente de la haine que sa domestique éprouve pour elle et son mari. Elle sait que le comportement de ses domestiques est hypocrite et cela la met en colère : « Votre gentillesse m’agace. Elle m’accable. Elle m’étouffe ».  

 

Dans quelle mesure cette scène de conflit permet-elle de découvrir le vrai visage des personnages ? 

 

I) La dramatisation de la scène

a) Le calme étonnant de Solange 

Tout d'abord cette affaire est commentée par Solange, elle utilise notamment des termes de la justice : “assise”, “acquitter”, “cas”, “affaire”. Ce qui montre qu'elle s'y connaît dans ce domaine. Madame peut commencer à avoir des doutes sur la sincérité de la bonne. Mais cette dernière reste calme devant madame, cela se voit car elle utilise principalement des phrases simples, déclaratives : “il ne faut pas s'affoler”, “c’est d'après ce qu'en dit madame”. Elle ne panique pas devant madame qui se pose des questions. Ce personnage est caractérisé par sa curiosité, est surtout par son intérêt particulier pour les affaires criminelles : “j'ai vu acquitter des cas plus graves…” Mais son comportement va changer lorsqu'elle se fait interroger, d'une part elle arrive à rester calme mais quelques petits indices montrent qu'elle est gênée. Les points de suspension sont utilisés à la ligne 2, 5 puis 9. Solange reste le plus calme possible devant madame, et cela en devient étonnant pour le spectateur. 

 

b) La réaction de madame

Madame est affolé par l'accusation contre son mari. Sachant que cette accusation est fausse, elle cherche tout de même à savoir qui a pu déclarer ceci. Elle commence à poser des questions à Solange : “des cas plus graves ? Que sais tu de son cas ?” à la ligne 2.  On remarque que leur relation va changer, désormais madame tutoie Solange, elle veut ainsi lui mettre plus de pression et se rapprocher afin de connaître la vérité. 

Ensuite elle aussi est caractérisée par sa curiosité, elle souhaite savoir ce que pense la bonne. Son doute est caractérisée par les questions rhétoriques : “tu es satisfaite ?”, elle cherche ainsi à lui faire avouer sa fausse accusation. Madame veut aussi faire comprendre que cela ne sert à rien de l'accuser, à deux reprises elle qualifie ces faits “d'idiots”.  Le spectateur est ainsi dans le doute, madame a-t-elle compris ? 

 

II) La progression de la scène 

a) La montée de la tension 

Dans cette scène on peut observer la montée de la tension, le conflit s'intensifie. Les phrases exclamatives montrent la colère de madame : “en effet ! Tu es inconsciente”. Elle emploie même des phrases non verbales : “des vols idiots”. Cette affaire l'énerve et elle s'en prend ainsi à la servante: “cessez”, elle utilise l'impératif. Ce qui montre une nouvelle fois qu'elle est en colère. La réplique de madame de la ligne 14 à 21, marque la fin de la relation entre cette dernière et Solange. Elle utilise la négation : “je ne suis pas lasse”, cela signifie qu’elle n’accepte plus le comportement de la bonne envers elle. La maîtresse reste tout de même lucide, elle garde en tête son plus grand centre d'intérêt : son mari, “est ce qu'il y a du feu dans sa cellule”. 

Ensuite nous pouvons observer une progression du rythme, la ponctuation est de plus en plus exclamative. L'accumulation ligne 28 accélère de nouveau le rythme : “de chiffres, de livres, de comptes, de recette”.

 

b) Le comportement des personnages

Cette scène marque la fin de la relation entre les personnages, on ne ressent plus aucune confiance de madame en sa servante. Les deux personnages sont dans l'excès. Madame n'en peut plus, elle est exaspérée par cette fausse déclaration et le comportement curieux et suspect de sa bonne : “elle m'étouffe”, “insupportable”, “m’accable”. Elle se retrouve seule face au problème et commence à être désespérée. Au contraire Solange se sent en position de supériorité, elle vient avec sa sœur d'accuser monsieur et se retrouve face à sa maîtresse qui se retrouve démunie. Elle en fait trop et cela amène les doutes de madame. Malgré ça, et les nombreuses questions par rapport à l'affaire et les nombreuses précisions apportées sur la justice, elle a l’air détaché de la scène. 

 

Conclusion :

Cette scène crée un malaise par la relation malsaine qu'entretiennent les personnages. Le conflit permet aux personnages de faire tomber le masque. Madame s’écrase devant  sa servante et perd son autorité tandis que la bonne révèle son hypocrisie. 

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