Analyse de la fable de La Fontaine L'Ivrogne et sa femme

Analyse de la fable de La Fontaine L'Ivrogne et sa femme

Jean de la Fontaine montre que l’homme est complètement réduit à son vice. Il explique qu’il n’est rien d’autre que sa dépendance grâce au titre et aussi parce que les seules caractéristiques du personnage décrivent sa dépendance. De plus, le texte débute par le mot “ivrogne” dans le titre et il finit par le mot “boire’’ a la  fin de la fable. La Fontaine explique que le vin est le dieu du personnage : “suppôt de Bacchus”. Cependant, l'alcoolisme n’est pas le thème dominant de ce texte, ce n’est qu’un exemple. C'est le vice de manière générale que veut dénoncer La Fontaine dans cette fable. La Fontaine utilise le présent de vérité générale car il explique que chacun d’entre nous avons un défaut ce qui donne une portée universelle à la fable.

L’homme dans cette fable renonce à son humanité, seul son défaut est présent : “Laissé ses sens au fond d'une bouteille”. L’homme n’est qu’un simple récipient : “plein du jus de la treille”. De plus le mari est passif. Les seuls moments où il entre en action sont amenés par sa femme ou par son vin. La seule fois qu'il fait quelque chose, il le fait « sans songer » (vers 27).

La fable est construite sur le même plan que La Jeune Veuve : la morale est antéposée (elle est située au début de la fable). De plus il y a une annonce de la fin qui renforce l’idée de fatalité. Grâce à cette annonce, la chute de la fable n’est pas atténuée. Cependant, si elle était placée après boire, cela n’aurait pas été aussi brutal et l’effet comique serait perdu. Enfin, Cette fable repose sur la fatalité du vice, l'issue inéluctable. Le vice est une habitude qui s'impose à l'homme. 

Les efforts de la femme est une mise en scène théatrale, un stratagème pour essayer d’aider son mari. Ses efforts sont faits par amour ? par principe ? ou pour l’argent ? : “au bout de leurs écus”. La femme se transforme en actrice. Elle joue un rôle. Une mise en scène est créée à partir du vers 14 avec l'attirail, luminaire, drap des morts, habit d'Alecton qui est la déesse grecque de la vengeance. La femme se fait passer pour une cellérière masquée, elle change sa voix, elle prépare un chaudeau.... La femme cherche à créer une atmosphère inquiétante. Elle enferme son mari dans “un tombeau”, elle porte des vêtements lugubres, elle ressemble même à un fantôme : “royaume de Satan”. De plus il y a un rejet au vers 24/25 pour insister sur le fait que cela soit lugubre : “tombe noire”. La femme veut aussi dramatiser la situation de son mari pour essayer de le faire réagir.

Bien que la fin soit déjà pressentie par le lecteur du fait de la morale antéposée, l'effet de chute est brutal et résumé en seul mot : « boire », alors que le lecteur veut et peut encore croire jusqu'au bout à une prise de conscience du mari. Cependant c’est un échec comique car il y a un renversement total de la situation. On remarque un décalage entre la noblesse des sentiments de la femme et de la gravité du milieu. La vulgarité de l’ivrogne montre que l’enfer est transformé en bistrot et que la cellérière est sa femme. De plus La Fontaine fait une rime croisée qui marque l’opposition entre “tombe noire” et “boire”. Tout l’effort de la femme est alors réduit à néant par un seul mot. 

L’échec était alors inévitable. La femme était impuissante face au vice. Le fait que la morale antéposée au début de la fable nous fait comprendre que dès les premiers vers, la femme n’arrivera pas à faire renoncer son mari à la boisson. La Fontaine dans cette fable est pessimiste puisqu’il défend la thèse selon laquelle l'homme ne peut pas changer et prendre le dessus sur ses vices. Il est inutile d’essayer de faire changer quelqu’un qui ne veut pas se changer lui-même.


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