Commentaire composé sur la fable de La Fontaine La laitière et le pot au lait (Perrette et le pot au lait)

Commentaire composé sur la fable de La Fontaine La laitière et le pot au lait (Perrette et le pot au lait)

I) Un apologue amusant

1) Un apologue traditionnel

 Le titre du texte annonce déjà le contenu de la fable. De plus il est de facture traditionnelle avec la juxtaposition de deux groupes nominaux : “LA LAITIÈRE ET LE POT AU LAIT”. La situation initiale est la présentation du personnage principal avec une introduction théâtrale avec le début d’une action puisqu’elle se dirige vers la ville. Le cadre de la fable est posé dès les premières lignes :“Perrette, sur sa tête ayant un Pot au lait Bien posé sur un coussinet, Prétendait arriver sans encombre à la ville.” La description physique de Perrette suit le déroulement de l’apologue. En effet il interpelle le lecteur en introduisant un personnage inconnu pour attiser la curiosité du lecteur et lui donner l’envie de découvrir ce personnage : “Légère et court vêtue elle allait à grands pas” Une péripétie nous conduira vers la morale qui est détachée. On suit donc les caractéristiques de l’apologue : “Perrette là-dessus saute aussi, transportée. Le lait tombe”.Une phrase résume la mini conclusion et la fin du récit c’est donc le début de la morale : “Le récit en farce en fut fait ; On l'appela le Pot au lait.”

 

2)        Plaire et instruire

La Fontaine ajoute des  détails sexy pour attiser la curiosité du lecteur : “Légère et court vêtue elle allait à grands pas” L’enjambement allie le fond et la forme. Il donne l’impression que le vers court comme Perrette, il suit le récit de l’action de Perrette : “Ayant mis ce jour-là pour être plus agile Cotillon simple, et souliers plats.” Il crée ainsi une connivence avec le lecteur : “Notre laitière” .  On note aussi le comique de situation : “Perrette là-dessus saute aussi, transportée.”

 

II) Un questionnement sur la condition humaine

1) Une critique des ambitieux matérialistes

L’enjambement insiste sur le fait que la laitière pense trop vite et s’emballe dans son imagination. L’énumération nous montre que la laitière est confuse dans ses pensées. Elle se montre matérialiste : “Notre Laitière ainsi troussée Comptait déjà dans sa pensée Tout le prix de son lait, en employait l’argent, Achetait un cent d’œufs, faisait triple couvée ” L’imparfait nous montre qu’elle considère la chose comme acquise. Elle prend soin de son rêve mais oublie le lait : “La chose allait à bien par son soin diligent.” Elle matérialise les animaux, les voit comme de l’argent facile, elle ne respecte plus son rôle de fermière. Elle se coupe de la réalité, son ambition la guide vers le rêve et elle considère toutes les choses comme acquises : “Il m’est, disait-elle, facile D’élever des poulets autour de ma maison : Le Renard sera bien habile, S’il ne m’en laisse assez pour avoir un cochon.” 

  

2)        Une critique de l'égoïsme

 Le pronom possessif “son” nous montre l'égoïsme de Perrette. En effet on se doute qu’elle n'était pas seule dans la production du lait. Elle donne une dimension symbolique au lait qui nous montre qu’elle le perçoit comme du profit avant le service : “ son lait” L’imagination est source de narcissisme. Il y a un décalage comique “On m’élit roi” impossible d’élire un roi ! Surtout au XVIIème siècle : “Tout le bien du monde est à nous, [...] On m’élit Roi, mon peuple m’aime ; Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant”

III) La dimension autobiographique

1) L’art de vivre avec simplicité

La Fontaine montre qu’il est conscient d’être un rêveur, il s’inclut dans la morale avec le lecteur ce qui donne une dimension humaine et universelle à sa morale : nous sommes tous des rêveurs et nous devons tous être plus attentifs à maîtriser notre imagination qui peut devenir source d’erreur si elle n’est pas cadrée. Avec les questions rhétoriques La Fontaine s’inclut dans sa morale et fait preuve d’autodérision avec cette épopée ridicule “Quand je suis seul…” il parle de lui-même et donc nous avertit sur la nécessité de se connaître soi-même pour éviter des déconvenues :  “Quel esprit ne bat la campagne ? Qui ne fait châteaux en Espagne ? [...] Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ; Je suis gros Jean comme devant.”  

2)        L’art d’écrire avec simplicité

 

La Fontaine retranscrit les pensées de Perrette et son style d’écriture nous donne accès à sa pensée. La Fontaine fait en sorte de donner à son écriture une impression de désordre : “Notre Laitière ainsi troussée Comptait déjà dans sa pensée Tout le prix de son lait”

 Conclusion :

La Fontaine nous fait réfléchir au style qui convient à la fable, genre classifié comme “moyen” au XVIIème siècle, à distinguer du genre bas qu’est la farce, mais pas aussi noble que la tragédie. En bon auteur classique, La Fontaine nous rappelle que tout homme comme tout écrivain doit être guidé par la mesure et savoir rester à la place qui est la sienne.


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