Commentaire composé sur la fable de La Fontaine Les obsèques de la lionne

Commentaire composé sur la fable de La Fontaine Les obsèques de la lionne

Introduction

 

Dans sa fable "Les Obsèques de la Lionne", Jean de La Fontaine utilise le cadre d'un apologue pour dépeindre avec ironie et critique les mœurs de la cour et la nature du pouvoir royal. À travers la mort de la femme du lion, roi des animaux, et les réactions qui s'ensuivent, La Fontaine offre une satire mordante de la société de son époque, en utilisant des animaux pour représenter les différents acteurs de la cour.

 

I. Un apologue théâtralisé

 

a) Des personnages très diversifiés

 

La Fontaine peint un tableau vivant de la cour à travers une variété d'espèces animales, symbolisant les différents rangs sociaux. Les prédateurs, tels que les loups et le lion, représentent la famille royale et les nobles, tandis que les proies, comme le cerf, incarnent les sujets plus vulnérables. Cette diversité crée un microcosme de la société, où chaque animal joue un rôle spécifique, soit en tant que suiveur, soit en tant que meneur.

 

b) Un dialogue vivant

 

La structure de la fable est théâtralisée, avec un récit qui s'articule autour d'un fait divers (la mort de la reine), suivi du récit de l'enterrement, d'un rebondissement avec l'histoire du cerf, et enfin d'une morale. La Fontaine utilise des rimes embrassées et suivies pour rythmer son récit, et des enjambements qui créent un effet de suspense, notamment lorsqu'il aborde le problème du cerf et son récit.

 

c) Les intrusions du narrateur pour réguler la pensée

 

La Fontaine s'adresse directement au lecteur avec des interpellations telles que « Jugez », invitant à la réflexion et à la prise de recul. Sa présence est marquée par l'usage du « Je » et par des clausules qui apportent sa perspective personnelle sur les événements narrés.

 

II. Une critique féroce

 

a) Le pouvoir omnipotent du roi

 

Le champ lexical de la royauté est omniprésent, soulignant la puissance et l'autorité absolue du roi. Les expressions telles que « Chacun accourut » et « Un tel jour en tel lieu » illustrent l'étendue de son pouvoir et la manière dont il orchestre les événements à la cour. La divinisation du roi est mise en évidence par des termes comme « membres profanes, sacrés ongles ».

 

b) La violence du pouvoir

 

La Fontaine n'hésite pas à dépeindre la brutalité du pouvoir royal, avec des termes comme « étranglé » placés en rejet pour accentuer leur impact. Le terme « chétif » souligne l'infériorité et la vulnérabilité de la cour face à la vanité et à la puissance du roi.

 

c) Un roi injuste

 

Le roi est présenté comme étant facilement manipulable et vaniteux, se basant sur des « rumeurs » d’un flatteur pour prendre ses décisions. Cette caractérisation critique la crédulité et la superficialité du pouvoir royal.

 

III. La critique de la cour

 

a) L’exagération

 

La Fontaine utilise l'hyperbole pour critiquer l'excès de réactions à la cour, où les courtisans sont décrits comme des caméléons, changeant constamment de comportement pour plaire au roi, sans véritable sentiment ni authenticité.

 

b) L’animalisation et le ridicule

 

Les courtisans sont comparés à des caméléons ou des singes, symbolisant leur capacité à s'adapter sans réfléchir et à imiter sans esprit critique. La Fontaine dépeint une cour où l'individualité est perdue, et où tous s'accordent pour flatter plutôt que d'exprimer leurs véritables sentiments.

 

c) Les mesquins qui cherchent à plaire

 

La Fontaine critique ceux qui cherchent à tout prix à plaire au roi, comme le flatteur qui rapporte les propos du cerf. Le cerf, quant à lui, échappe à la mort en mentant, ce qui est ironiquement récompensé par un présent, soulignant l'absurdité et l'injustice de la cour.

 

Conclusion

 

À travers "Les Obsèques de la Lionne", La Fontaine offre une satire acerbe de la cour et du pouvoir royal. Il dénonce le manque de franchise, l'absence d'esprit critique, et la superficialité des relations à la cour. Cette fable reste un témoignage intemporel de la nature humaine, reflétant les travers de toute société où le pouvoir et l'apparence priment sur la vérité et l'intégrité.

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