Commentaire composé sur Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand acte III scène 13

Commentaire composé sur Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand acte III scène 13

I) Cyrano, un manipulateur

 

Tout d’abord, dès le début de l’échange, Cyrano fait semblant d’avoir perdu la mémoire: “Quelle heure ? Quel pays ? Quel jour ? Quelle saison ?”. Juste après, il utilise l’ironie afin de poursuivre sa manipulation: “Et je n'en tombe pas métaphoriquement !...”, “Est-ce dans une lune ou bien dans une terre, Que vient de m'entraîner le poids de mon postère ?”, “Ha ! grand Dieu !... je crois voir Qu'on a dans ce pays le visage tout noir !”. Ensuite, il pousse le jeu d’acteur au maximum, nous montrant que nous sommes devant une scène de théâtre dans le théâtre, comme le prouve la didascalie: “Il souffle comme pour le faire envoler”. Il va jusqu’à tenter de lui faire croire des choses qui semblent invraisemblables: “Dans mon mollet je rapporte une dent De la Grande Ourse”, “J'inventai six moyens de violer l'azur vierge !”. A force de le manipuler, De Guiche commence à s’intéresser à ses propos: “C'est un fou, - mais un fou savant.”, “le suivant, sans s'en douter, et comptant sur ses doigts”. L’énumération des chiffres de un à six nous prouve que De Guiche est fasciné par ce que lui dit Cyrano: “Oui, cela fait un !”, “Deux !”, “Trois !”, “Quatre !”, “Cinq !”, “Six !”. Mais il continue tout de même à employer des mots complexes, afin de garder son attention: “si quelqu'un habite Dans la rotondité de cette cucurbite ?”. Ayant remarqué que ses propos attiraient l’attention de De Guiche, il poursuit son histoire à laquelle il prend lui-même plaisir, mais l’interrompt brusquement afin de mieux décontenancer son interlocuteur qui tombe alors des nues : “Je m'enlevai dans l'air, droit, tout droit, comme un ange. Je montais, je montais, doucement, sans efforts, Quand je sentis un choc !... Alors… [...] Le quart d'heure est passé, Monsieur, je vous délivre Le mariage est fait”. Mais pour maintenir la discussion avec De Guiche, Cyrano n’utilise pas que la manipulation, mais aussi la poésie. 

 

II) Cyrano, un poète

 

Même lorsque Cyrano poursuit un but réthorique, il ne peut s’empêcher d’être poète puisque c’est sa nature profonde. Ainsi, la première histoire à laquelle il pense c’est qu’il vient “De la lune !”. Il file la métaphore pendant tout le dialogue : “J'étais dans cette boule à couleur de safran !”, intégrant de nombreuses images poétiques à son discours : “Je suis un peu couvert d'éther. J'ai voyagé !”, “Tenez, sur mon pourpoint, un cheveu de comète !...”, “Je pouvais, mettant mon corps nu comme un cierge, Le caparaçonner de fioles de cristal”. De plus, on remarque que Cyrano utilise un vocabulaire recherché voire des mots rares pour donner plus de poids à ses élucubrations : “Faire engouffrer du vent, pour prendre mon essor, En raréfiant l'air dans un coffre de cèdre Par des miroirs ardents, mis en icosaèdre !”. Il pousse son imagination jusqu’au délire poétique : “Ou bien, machiniste autant qu'artificier, Sur une sauterelle aux détentes d'acier, Me faire, par des feux successifs de salpêtre, Lancer dans les prés bleus où les astres vont paître !”. Ainsi, c’est une fois de plus grâce à la poésie que Cyrano parvient à ses fins.

 

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