Commentaire composé sur Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand acte II scène 8

Commentaire composé sur Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand acte II scène 8

I) Les métaphores

 

 “Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,

 Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc

 Et s'en fait un tuteur en lui léchant l'écorce,

 Grimper par ruse au lieu de s'élever par force ?” : Le personnage de Cyrano veut montrer l’hypocrisie du monde dans lequel il vit. Il compare ici le lierre à l’écrivain qui rampe aux pieds des mécènes et des éditeurs et qui leur “lèchent” les bottes. Cyrano ne peut accepter une gloire non méritée. Il veut devenir un écrivain reconnu à la “force” du poignet.

 

 “Avoir un ventre usé par la marche ? une peau

 Qui plus vite, à l'endroit des genoux, devient sale ?”  : Cyrano utilise une métaphore du ver de terre qui rampe pour appuyer son argument qui est de devoir se faire aimer à tout prix par les personnes influentes pour faire connaître sa poésie. “Exécuter des tours de souplesse dorsale ?...” : Si l’auteur ne rampe pas il fait des courbettes, tente tant bien que mal de se faire apprécier pour pouvoir mieux populariser sa poésie.

 

 “D'une main flatter la chèvre au cou Cependant que, de l'autre, on arrose le chou, Et donneur de séné par désir de rhubarbe, Avoir son encensoir, toujours, dans quelque barbe ?” : Ici, Cyrano veut donner l’idée de se soulager. Il continue dans son idée de flatterie.

 

 “Se pousser de giron en giron, Devenir un petit grand homme dans un rond, Et naviguer, avec des madrigaux pour rames, Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames ?” : Il y a une idée de prostitution avec une métaphore maritime où les poèmes sont comparés à des rames.

 

 “S'aller faire nommer pape par les conciles Que dans les cabarets tiennent des imbéciles ?” : On observe un lexique religieux dépréciatif.

 

 “Travailler sans souci de gloire ou de fortune, À tel voyage, auquel on pense, dans la lune !” : Cyrano utilise la métaphore de la lune pour montrer comment vient l’inspiration.

 

 “N'écrire jamais rien qui de soi ne sortît, Et modeste d'ailleurs, se dire : mon petit, Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles, Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !” : Le personnage de Cyrano continue avec l’idée d’inspiration et exprime la richesse de celle-ci à travers le champ lexical de la verdure.

 

 “Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard, Ne pas être obligé d'en rien rendre à César, Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite, Bref, dédaignant d'être le lierre parasite, Lors même qu'on n'est pas le chêne ou le tilleul, Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !” : Le personnage de Cyrano montre qu’il est en marge et en retrait de la société de son époque, il préfère rester libre et seul plutôt que se corrompre auprès de personnages puissants. Pour Cyrano la poésie doit rester pure et vierge de toute forme d’hypocrisie.

 

 II) La progression de l’argumentation

 

 “Et que faudrait-il faire ?” : Il commence par une question rhétorique qui montre que Cyrano sait exactement où il veut mener son discours.  

 

 “Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,

 Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc

 Et s'en fait un tuteur en lui léchant l'écorce,

 Grimper par ruse au lieu de s'élever par force ?” : Il argumente sa question, exagère les choses et pose des questions rhétoriques qui permettent de montrer son indignation.

 

 L’anaphore de “non merci” montre l’intensité de son mépris. Le rapport entre l’auteur et son protecteur que décrit Cyrano tout au long de son extrait est dénigré et est remis en question par cette anaphore. “Non, merci ! non, merci ! non, merci !” : La répétition montre l’exaspération et l’opposition de Cyrano vis-à-vis de la vie que mènent les poètes et de l’idéale qu’il devrait adopter.

 

 “Dédier, comme tous ils le font, Des vers aux financiers ? “ : Cyrano explique le profit que font certains poètes. Il insiste et rejette les attitudes qu’il juge indignes d’un poète.

 

 “se changer en bouffon Dans l'espoir vil de voir, aux lèvres d'un ministre, Naître un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ?” : Le personnage de Cyrano explique jusqu’où doit aller le poète pour pouvoir plaire au lecteur influent tout en exerçant son métier de poète.

 

 “Déjeuner, chaque jour, d'un crapaud ?” : Le personnage traduit le fait d’encaisser les coups qu’il va prendre, les remarques et les jugements qui vont être faits sur ses oeuvres.

 

 “Chez le bon éditeur de Sercy Faire éditer ses vers en payant ?” : Cyrano veut montrer ce qu’il refuse catégoriquement. Il ne veut pas être contraint.

 

 “Travailler à se construire un nom Sur un sonnet, au lieu d'en faire d'autres ?” : Le personnage de Cyrano veut montrer que les auteurs se permettent de réduire leur poésie à un seul petit morceau hypocrite.

 

 “Et se dire sans cesse : « Oh, pourvu que je sois Dans les petits papiers du Mercure François » ?...” : Le journal “Mercure de France” faisait et défaisait la réputation des auteurs.

 

 “Calculer, avoir peur, être blême, Préférer faire une visite qu'un poème, Rédiger des placets, se faire présenter ?”: On observe un rythme ternaire qui transcrit le désir et l’angoisse de faire plaisir à ses bienfaiteurs. Il montre et décrit la médiocrité de la vie d’un poète qui se soumet volontairement à la censure des puissants.

 

 “Mais... chanter, Rêver, rire, passer, être seul, être libre, Avoir l'oeil qui regarde bien, la voix qui vibre, Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers, Pour un oui, pour un non, se battre, - ou faire un vers !” : C’est la profession de foi du personnage de Cyrano, il nous montre qu’après avoir rejeté toute forme de corruption, il faut s’employer à atteindre son idéal.

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