Le Rouge et le Noir de Stendhal, La conquête de Mme de Rênal, Livre I, chapitre 9 De «On s’assit enfin, madame de Rênal à côté de Julien, et madame Derville près de son amie.» à «il s’enferma à clef dans sa chambre, et se livra avec un plaisir tout nouveau à la lecture des exploits de son héros.»
Dans "Le Rouge et le Noir" de Stendhal, la scène où Julien Sorel tente de prendre la main de Mme de Rênal est chargée de tension et de complexité émotionnelle, mélangeant les sentiments amoureux et les stratégies de combat.
I. Une scène d'amour teintée d'émotions
Le passage est empreint de la sensibilité et de l'émotion de Julien face à Mme de Rênal. Le champ lexical du bonheur ("Son âme fut inondée de bonheur", "tant d’émotion", "Heureusement", "époque de bonheur") indique l'intensité des sentiments de Julien, bien qu'il soit également préoccupé par la possible interruption de leur rencontre ("Que de fois ne désira-t-il pas voir survenir à Mme de Rênal quelque affaire qui l’obligeât de rentrer à la maison"). La description de la voix tremblante de Mme de Rênal suggère ses propres émotions amoureuses, tandis que Julien, dans un geste presque inconscient, "étendit la main, et prit celle de Mme de Rênal". La froideur de la main de Mme de Rênal, perçue par Julien, marque son trouble et son hésitation face à cet amour naissant.
II. Une bataille intérieure
La scène est aussi présentée comme une sorte de combat pour Julien, illustré par le champ lexical de la guerre ("mortelle angoisse, tous les dangers", "La violence", "tremblante", "affreux combat"). Chaque moment et chaque mouvement sont chargés de tension, comme si Julien menait une bataille contre lui-même et contre les conventions sociales qui l'entourent. Le temps est un élément crucial de cette lutte, symbolisé par "le dernier coup de dix heures retentissait", soulignant l'urgence et la pression ressenties par Julien. Même si Julien réussit finalement à prendre la main de Mme de Rênal, le narrateur souligne l'intensité de sa lutte intérieure ("mouvement physique", "retentissait dans sa poitrine").
En conclusion, cette scène reflète la complexité du personnage de Julien Sorel, tiraillé entre son amour pour Mme de Rênal et son ambition, ainsi que les normes sociales de l'époque. Stendhal peint un tableau nuancé de la passion et de la stratégie, où le cœur et l'esprit sont en constant conflit.
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