Commentaire composé sur la fable de La Fontaine Le Paysan du Danube

Commentaire composé sur la fable de La Fontaine Le Paysan du Danube

 

Tout d’abord, cette mise en scène pathétique de la souffrance d’un peuple est un discours vivant. Celui-ci est marqué par l’énonciation.En effet, nous avons un locuteur qui dit  “je” et adresse son discours à son destinataire qui ne répond pas. Nous pouvons relever l'emploi du mode de l’impératif, qui permet au narrateur de donner des ordres à ses oppresseurs: “Il ne faut point juger”. D’ailleurs, cette phrase est le premier vers de cette fable. Dès le début, le narrateur donne un ordre, ce qui permet de prévenir le lecteur sur la suite de sa lecture. Le présent d’énonciation est également employé dans cette fable: “je supplie”, « on ne veut plus ». L’emploi de phrases interrogatives et exclamatives est relevé principalement du vers 39 à 45. Le champ lexical de la colère : « vengeance, sévère, colère, offensée… » renforce la vivacité du discours. Un jeu de contrastes et d’antithèses souligne la confrontation entre le bonheur et le malheur. La structure du texte renvoie à la situation d’énonciation avec le respect de la forme du discours du sénat : l’emploi de l’apostrophe, la référence divine, l’énoncé de la thèse et également la concision de la conclusion rendent son discours vraisemblable. 

De plus, le locuteur parait violent et passionné aux yeux du lecteur par sa révolte face à l’injustice. Par son analyse de la puissance politique, le locuteur semble lucide et presque philosophe : « Peut-être à votre place ils auraient la puissance ». Ces aspects traduisent le pouvoir des romains lié à leur absence de moralité. Dans cette fable, le locuteur critique le fonctionnement de la vie à Rome: Il a un regard critique et distancé.  Il est capable de prendre de la hauteur mais pour autant il souffre pour son peuple.

 

Ensuite, cette fable possède un registre pathétique évident. Tout d’abord, par le jeu de contrastes. La souffrance exprimée à travers les champs lexicaux:  l’inégalité des rapports de force avec l’innocence, la simplicité et la souffrance. De plus, le registre pathétique est accentué par la personnification du Ciel au vers 33,  l’allitération en [r] au vers 56 et la multiplication des questions rhétoriques qui expriment le désarroi, le doute des Germains.

 

Enfin, plusieurs moyens poétiques sont employés dans ce texte pour confirmer la mise en scène pathétique de la souffrance d’un peuple. Premièrement, la diérèse au vers 48 :« violence ». Ce vers est octosyllabe ce qui accentue l’idée de violence par l’accélération du rythme. L’emploi des rimes est fortement exploité dans cette fable avec les rimes plates au vers 64, 65, 66, ensuite les rimes croisées: « jours, misère, retour, sévère » et les rimes embrassées au  vers 35, 36, 37, 38. La Fontaine essaye d’éviter la monotonie dans la forme du poème avec l’alternance des vers en alexandrins, de décasyllabes, d'octosyllabes.

 

 

Cette fable souligne la réfutation de la thèse. La fable, chez La Fontaine, peut avoir une force subversive (qui tend à menacer, à provoquer ou à renverser l'ordre établi). Ici, contre l’impérialisme (à l’époque Louis XIV), il dénonce la barbarie de l’oppresseur.

La thèse énoncée est: « Rome est par nos forfaits, plus que par ses exploits, l’instrument de notre supplice ». Le premier argument de cette thèse est au vers 46 avec l’argument de l’autorité au sens religieux. Ensuite, le deuxième argument concerne la vérité de la valeur morale entre le bien et le mal, dont les champs lexicaux sont très présents. Pour finir, le troisième argument  souligne l’autorité au vers 55, dont nous pouvons le référer au jugement divin. Au début, La Fontaine constate toutes les causes et à la fin, les conséquences malheureuses de cette occupation.

 

Ensuite, cette fable dénonce l’impérialisme avec une violence polémique en commençant par disqualifier son adversaire. Par l’usage du registre polémique avec un discours s’adressant aux romains. De plus, le champ lexical péjoratif et le contraste romains/grecs sont utilisés. Rome est décrite comme barbare alors qu’elle est le symbole de la civilisation avec l’emploi de jeu antithétique : valeurs morales. Puis, au vers 56 « grâces à vos exemples » est ironie et permet d’amuser le lecteur. L’objectif du texte est d’inverser les relations avec les verbes « fuir » « opprimer » « décourager » expriment la barbarie romaine donc l’inhumanité des romains. 

 

Enfin, l’utilisation de la violence verbale est marquée par l'emploi des verbes de rejet: « nous quittons », « nous fuyons », « nous laissons ». L’anaphore de “craignez” au vers 33 apparaît comme une menace envers les romains qui devraient redouter une punition divine. L’emploi de l’impératif accentue la violence verbale au vers 63 et au vers 73. Enfin, le parallélisme au vers 65 renforce l’idée de fuite et d’exode. 


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