Analyse du poème de Victor Hugo La fête chez Thérèse dans Les Contemplations

Analyse du poème de Victor Hugo La fête chez Thérèse dans Les Contemplations

Etude linéaire

Introduction : Amorce Les Contemplations de Victor Hugo publié en 1856 sont un recueil poétique. C’est la « grande pyramide » de Victor Hugo. Constitué de deux grandes parties intitulées « Autrefois » et « aujourd’hui » dont la transition se situe en 1843, date de la mort accidentelle par noyade de sa fille Léopoldine, ce recueil chronologique est un recueil de souvenirs, de l’amour, de la joie, de la mort, du deuil et même de la foi mystique. A cette époque, Victor Hugo avait été exilé à Jersey à cause de son opinion politique qui différait de celle de Napoléon le petit. En 1855, il est expulsé de Jersey et contraint de se réfugier sur l’île de Guernesey. C'est alors qu'Hugo est en plein exil que les Contemplations paraissent chez un éditeur Belge, an avant Les Fleurs du mal.

Le poème romantique de « la fête chez Thérèse » est le 22e poème des contemplations. Il appartient au premier livre des contemplations : Aurore (livre de la jeunesse). Ainsi dans ce poème emblématique de la fête chez Thérèse, le poète décrit sous forme mi- narrative mi- descriptive une fête à la campagne chez sa grande amie puis maitresse Léonie billard (Thérèse de Blaru) à Fontainebleau en 1843 dans la tonalité des fêtes galantes de Watteau (peintre).

Problématique : Quelle est la part de réel et d’onirisme dans le poème ?

Plan : Le plan de mon explication suivra le mouvement du poème : v1 à 10 une fête chez Thérèse, v11 à 16 une fête costumée, v17 à 26 une fête musicale qui rappelle la comédie.

 

I) Une fête chez Thérèse (V1 à 10)

1) Le cadre

 

Dès le premier vers, Victor Hugo annonce le cadre du poème :

-sujet : fête (« chose fut exquise… »)

-temps : « mois d’avril » -- printemps –naissance – amour

-lieu : « jardin charmant »

-hôtesse : Thérèse, Thérèse la blonde, la duchesse – gde intimité

-les invités : peu nombreux – haute société –Hugo heureux d’être parmi ceux que Thérèse aime ?

Toutes les expressions connotent la beauté et la douceur. L’amour n’a d’ailleurs pas d’article défini devant lui, c’est une personne, c’est véritablement Éros qui a frappé Hugo de sa flèche.

Tout est idyllique : le lieu, le temps, l’hôtesse, les invités, tout semble parfait !

Bilan : la fête chez Thérèse est une fête qui ressemble aux fêtes galantes du XVIIIe siècle.

 

2) L’éloge de la femme (v.4-7)

 

La femme est à l’image du lieu : parfaite, Hugo vit une véritable utopie à cette fête « Thérèse la duchesse … le monde »

Bilan : La simple évocation au départ, présentation du cadre de l’hôtesse, le poème prend la forme d’une description.

 

3) Précision du tableau (v.7-10)

 

Différents sens sont sollicités pour que la scène soit plus facilement visualisable par les lecteurs :

-la vue avec le champ lexical du mouvement « erraient » « roder » « dérobait » --- impression de liberté

-l’ouïe avec les verbes « riant » et « rêvant » --- tonalité heureuse, amoureuse

Conclusion : On ressent une légèreté d’être, une spontanéité, une insouciance de vivre : on erre en « couples » (v.11), on rêve d’amour en « tête-à-tête » (v.10), on rit. C’est le thème des fêtes galantes chères au peintre Watteau donc se souvient peut-être Hugo (embarquement pour Cythère, 1717).

 

II) Une fête costumée (v.11-16)

 

Ce passage présente une fête costumée donnée en 1843 chez Mme billard sans doute sur le thème de la renaissance italienne très prisée de la restauration rappelant un monde féodal idéalisé avec les titres aristocratiques « seigneurs » v.12 « marquises/monsignores » v.14 « cavaliers » v.16 (ce qui est rappelé au v.4 « duchesse » pour appeler Thérèse.

Les personnages du v.13 « Amyntas/Léonores » sont ceux de romans/pièces italiennes de la Renaissance (Amyntas, le Tasse) parlant d’amour et de chevalerie comme l’évoque au v.12 « seigneur/beautés » méliorisés par les adjectifs « fiers » et « rares ».

Les vers 13 et 14 nomment les personnages déguisés à l’initiale comme à la finale.

Le chiasme v.13-14 Amyntas—monsignores.  Leonores—marquises montre que ces couples qui se forment naturellement, librement sous l’inspiration du cœur et des charmes.

« Nain qui dérobait… » v.15 --- Hugo rêve, il baigne dans une atmosphère onirique comme enivré par la beauté de tout ce qui l’entoure.

Conclusion : Toute la scène baigne dans une atmosphère onirique et chaleureuse où tout est beau et noble, respirant l’amour et le bonheur. Hugo sait suggérer les premiers émois de l’amour dans le livre 1 « Aurore ». Il y a une part de réalité mais aussi une part de rêve en raison du thème enivrant de l’amour.

Après cet aurore d’amour qui dépeint dans les 2 premières parties, la journée atteint son point culminant au zénith « A midi, le spectacle avec la mélodie » v.17.

 

III) Une fête musicale rappelant la comédie

 

v.17-19 Entrée en scène de la musique pour annoncer une comédie de Plaute ou même une commedia dell’arte (personnages cités plus loin hors-texte). Colombine taquine séduit Arlequin ce qui rend jaloux Pantalon) --- persos de la commedia dell’arte. 

Ces 3 vers sont marqués par le (i) « midi » « mélodie » « nuit » « comédie » = annonce musicale de cette « douce journée » consacrée à l’amour. Comédie sans doute d’intrigue amoureuse : allégorie « belle fille » v.19 qui cherche sans doute à se marier…

 

Conclusion : III= nouvelle étape dans le rêve et l’imaginaire. Les invités costumés déjà métamorphosés en chevaliers et princesses endossent des rôles italiens… C’est une vraie mise en abyme (idée dans une idée) pour parler d’amour.

v.20 théâtre éphémère de bois (« treillage » « claire voie » v.22-23) ressemble à un temple d’amour (rond du dôme) « comme » = « à la manière de » et même « tant que ». Cette comparaison « comme un temple d’amour » s’inscrit comme un titulus inscrit à la vue de tous : théâtre= temple d’amour

v.21-26 allégorie de Zeus, il est là en cygne prêt à séduire. C’est l’image du bouvreuil en cage = image du cœur captif de l’enluminure médiévale. Métaphore (Thérèse la blonde=Yseut la blonde et Hugo=Tristan) / Thérèse et Hugo enivrés par Dionysos qui grimpait sur le théâtre de bois ?

 

Conclusion générale : Le théâtre de bois est éphémère mais pas l’amour qui y nait car la fête chez Thérèse est une célébration de l’amour où tout devient possible par la métamorphose est le rêve. La fête chez Thérèse est un embarquement pour Cythère (île de Méditerranée) peintre Watteau 1717


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Commentaires: 1
  • #1

    FJ (vendredi, 18 mars 2022 17:53)

    Embarquement pour Cythere de Watteau 1717