Analyse de la lettre 125 de Montesquieu, Les lettres persanes

Analyse de la lettre 125 de Montesquieu, Les lettres persanes

Commentaire composé

I) Une lettre amusante sur un sujet sérieux

 

Le second paragraphe de cette lettre a une dimension comique car le narrateur tourne la notion de paradis, mot ayant généralement une connotation positive, en ridicule et la compare à l’enfer. Il se moque des récompenses médiocres offertes aux fidèles pour l'éternité et ne comprend pas pourquoi les croyants voudraient se retrouver au paradis.

Le récit de Rica est un apologue car il présente une image satirique et moqueuse d’un sujet très sérieux tel que la religion. La morale de cette introduction est que les religions sont des croyances incertaines et que les croyants ne sont pas sûrs d’y gagner quelque chose. Le narrateur cherche à présenter la religion aux lecteurs comme une tromperie qui menace fortement les gens crédules et qui n’apporte rien  aux fidèles.

Cet apologue relève de l’absurde car il dénonce le ridicule de certaines croyances dans le but de faire sourire tout en faisant réfléchir. Le comique de situation s’appuie ici sur l’ignorance des gens vis-à-vis des autres religions que la leur. Le quiproquo entre la femme indienne et les prêtres musulmans les tourne en ridicule. 

 

II) L’irrévérence envers les religieux et les religions

 

Cette lettre de Rica est chargée d’ironie car il se moque de l'incapacité des religions à traiter la question du bien et du mal. L'antithèse “J'ai vu des descriptions du paradis capables d'y faire renoncer tous les gens de bon sens” est ironique car elle compare l'idée du paradis, qui devrait être le rêve de tout homme, à un enfer dont personne ne veut s’approcher. Rica qualifie les discours religieux de mensongers, manipulateurs dans la phrase “les prêtres indiens ne sont pas moins stériles que les autres dans les idées qu'ils ont des plaisirs du paradis”.

Le pronom “on” renforce l’ironie de Rica vis-à-vis de la véracité de la religion.

Lors de son récit, Rica se moque ouvertement des religieux. Le bonze, homme de grande sagesse, essaie de convaincre la jeune femme en lui présentant les bienfaits de son acte religieux. En revanche, cette argumentation est inefficace car elle ne sert qu'à dissuader la jeune femme qui n’est pas motivée par les récompenses promises à l’issue de son sacrifice. 

Cet apologue traite toutes les religions avec désinvolture car il met en valeur à quel point ces croyances qui se veulent raisonnables peuvent être absurdes. 

 

III) Une réflexion critique et métaphysique

 

La femme mise en scène dans ce texte ne paraît pas fortement attachée à sa religion car elle ne renonce pas à désobeir à ses croyances pour suivre ses propres intérêts. Selon sa religion, la femme doit une loyauté totale à sa famille à tel point qu’elle doit suivre son mari dans la mort. En revanche, cette femme n’hésite pas à tourner le dos à la religion officielle de son pays car elle ne satisfaisait plus ses convictions personelles. Rica donne l’impression que les religions attirent des croyants uniquement grâce à leurs promesses de sublimes récompenses après la mort. Ces promesses ne peuvent être vérifiées par les croyants, rendant leur loyauté plus fragile. Ce qui expliquerait pourquoi les différentes croyances s’accordent sur les punitions de ceux qui refusent de les suivre mais ne peuvent se mettre d’accord sur les bienfaits qu’ils promettent.

Rica ne fait pas de différence entre la religion et la superstition car il les voit toutes deux comme des mensonges s’appuyant sur la crédulité et la peur des hommes afin d'établir leur influence. Il utilise même le lexique de la peur et de l’autre monde (“épouvante”, “peines”, "menace'') pour décrire la religion telle un piège. 

La première phrase de cette lettre nous fait réfléchir à la notion de plaisir dans l’existence humaine. Cette phrase suggère que la religion considère la vie humaine comme une étape, un rite de passage afin d'accéder aux plaisirs du paradis. Ces plaisirs seraient le but ultime de toute l'humanité, elle devrait être prête à tout pour les recevoir. 


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