Analyse de Peter Pan de James M. Barrie

Analyse de Peter Pan de James M. Barrie

La rencontre entre Peter Pan et les enfants Darling

I) La voix du narrateur

La voix du narrateur est très présente car il met en garde le lecteur contre les dangers de trop croire aux histoires et de se réfugier dans un monde imaginaire. Le refus de la réalité ou la confusion entre l’imaginaire et la réalité peuvent amener des enfants à vouloir voler en sautant par la fenêtre, comme les enfants Darling qui se suicident pour échapper à leur enfance malheureuse. En effet, leur mère veut les formater en “mettant de l’ordre” dans leurs idées, et leur père est avare au point d’avoir voulu les abandonner et il n’hésite pas à leur mentir pour cacher son manque de courage, comme le montre l’épisode du sirop.

 

II) Peter Pan et Wendy

Le fait que Wendy reproduise les codes sociaux des adultes montre que la société empêche les enfants de vivre leur enfance, ce qui les pousse à se réfugier dans le monde de l'imaginaire. Peter Pan refuse de grandir parce qu’il ne veut pas devenir un homme c’est-à-dire prendre des responsabilités. C’est une critique du monde des adultes qui a pour conséquences de pousser certains enfants qui le rejettent au suicide. Les enfants perdus du pays de l’imaginaire sont les âmes errantes des enfants morts. Peter apparaît comme un diable tentateur : “Wendy, souffla le jeune démon sans pitié, tu nous borderas dans notre lit”. L’humour dédramatise le tragique de la situation de ces enfants désespérés.

 

III) La fascination pour le merveilleux

Le champ lexical de l’admiration s’applique à la fée Clochette parce qu’elle a besoin de magie dans sa vie de petite fille. Mais la fée Clochette n’est pas ce qu’on attendrait d’une fée parce qu’elle est amoureuse de Peter et donc par jalousie envers Wendy elle l’embête. C’est l’histoire d’amour naissante entre Peter et Wendy qui va pousser Wendy à quitter l’enfance et donc symboliquement à se débarrasser de la fée Clochette.

Le portrait du capitaine Crochet

I) Un texte à suspens

Le caractère du capitaine Crochet est extraordinaire en raison de son extrême cruauté : “D’un courage indomptable, la seule chose qui l’effarouche est la vue de son propre sang, d’une couleur insolite”.

La phrase “Et maintenant, pour illustrer les méthodes de cet homme, tuons un pirate” souligne à quel point la vie de ses hommes est sans importance pour le capitaine Crochet qui maintient son équipage dans la terreur pour mieux régner.

 

II) Le vocabulaire de la peur

Dans le texte, on trouve de nombreux adjectifs relatifs à la peur ou à l’angoisse qui servent à faire de Crochet un personnage terrifiant et mythique : “le plus noir”, “Ce redoutable individu”, “terrible harpon”, “bruit de déchirure”.

Le capitaine se sert de sa griffe pour éventrer aussi bien ses ennemis que les membres désobéissants de son équipage : “pour vous crocheter la panse”. Ces détails soulignent la cruauté implacable de Crochet.

 

III) Un pirate peu ordinaire

De nombreux détails indiquent que le capitaine Crochet est un personnage issu de la noblesse : “D’allure racée, un air de grand seigneur est resté collé à sa personne”, “courtois”, “il n’est pas sorti du même tonneau que le reste de l’équipage”, “il singe la mode du temps de Charles II”.

Cependant, certains éléments semblent annoncer une fin tragique pour le personnage. En effet, on apprend que lorsque Peter Pan lui a coupé la main, un crocodile l’a mangée, et que depuis il n’a de cesse de le poursuivre pour le dévorer : “D’un courage indomptable, la seule chose qui l’effarouche est la vue de son propre sang, d’une couleur insolite”.

Le combat entre Peter Pan et Crochet

I) Le récit du combat

D’abord Peter fait le bruit du réveil pour effrayer l’équipage, puis il monte à bord du bateau et attire les marins dans la cabine pour les tuer et les jeter par-dessus bord. Ensuite il affronte Crochet avec élégance. Puis il oblige Crochet à sauter du bastingage et à se livrer au crocodile en se jetant à l’eau.

La ponctuation utilisée accélère le rythme du récit car les phrases sont longues et ponctuées de nombreuses virgules. Il y a aussi beaucoup de phrases exclamatives.

La métaphore de la partie de football (“renvoyé définitivement et surveillant la partie comme un joueur sur la touche”) dédramatise la mort de Crochet, comme si cette exécution était encore une fois un jeu parce qu’au pays de l’imaginaire rien n’est grave.

Le narrateur utilise quelques formules solennelles qui donnent au récit une allure faussement sérieuse et donc parodique : “Adieu, ô Jacques Crochet, nous te saluons, bien que tu ne sois pas tout à fait un héros !”, “Ainsi périt Jacques Crochet.”

 

II) Une fin grotesque

Les verbes d’action sont très nombreux et les images qui commentent l’attitude des personnages au combat appartiennent au registre épique : “Peter était un magnifique escrimeur, et parait les coups avec une rapidité foudroyante”.

Les mots “Malheureusement, la portée insuffisante de ses coups le handicapait” servent à renverser l’avantage d’un personnage sur l’autre.

L’attitude de Crochet dans ses derniers moments n’est pas digne d’un combattant puisqu’il menace de mettre le feu au bateau et qu’au moment de mourir  : “Comme il enjambait le bastingage, d’un geste il invita Peter à se servir de son pied plutôt que de son poignard.”

La séparation entre Wendy et Peter Pan

I) Le refus de Peter Pan

Wendy fait référence à son histoire d’amour avec Peter mais Peter fait semblant de ne pas comprendre parce qu’il n’est pas prêt à s’engager. L’engagement amoureux est une trop grande responsabilité pour lui.

Peter Pan refuse d’intégrer la famille Darling, d’aller à l’école, de travailler dans un bureau parce qu’il ne veut pas devenir un homme. Ce refus apparaît aussi dans le rejet de l’évolution physique : “si, en me réveillant, je devais sentir qu’il m’est poussé de la barbe !”

Le personnage de Peter Pan n’évolue pas au fil du roman. Seul le personnage de Wendy évolue puisqu’elle a la force de devenir une adolescente : “je t’aimerais même barbu !”. Elle ose avouer son amour à Peter, ce que lui n’a pas le courage de faire. C’est donc Wendy la véritable héroïne du roman.

 

II) La présence incommodante de Mme Darling

Mme Darling a une attitude très protectrice.

Elle empêche sa fille de grandir parce qu’elle refuse que Wendy parte vivre avec Peter en rétorquant que Wendy a encore besoin de sa maman et donc qu’elle la trouve trop jeune pour se marier.

La promesse du nettoyage de printemps est décevante pour plusieurs raisons. D’abord Wendy se retrouve dans le rôle de la ménagère qui fait le nettoyage dans une maison qui n’est même pas la sienne et sans être la femme de Peter. Ensuite elle accepte cet accord pour le simple plaisir de voir Peter une fois par an, ce qui est dérisoire. Enfin, Peter ne tiendra même pas sa promesse puisqu’il oubliera souvent leur rendez-vous.

 

III) Un amour contrarié

Wendy est prête à des compromis par amour puisqu’elle accepte de ne le voir qu’une seule fois par an et de faire son ménage, donc non seulement elle se soumet à lui sans être son épouse mais elle accepte aussi son infidélité amoureuse, d’abord avec Clochette, mais aussi avec les autres fées.

Peter Pan n’est pas sensible aux sacrifices consentis par Wendy puisqu’il oublie souvent leurs rendez-vous et qu’il vit très heureux loin d’elle alors qu’elle se languit de le revoir. 

Peter n’est pas capable d’aimer comme les grandes personnes parce qu’il est prisonnier de son enfance.

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