Analyse des Caractères de La Bruyère, Des jugements

Analyse des Caractères de La Bruyère, Des jugements

I) La perversité de l'homme

A. Un comportement pire que celui des animaux

 

“L'homme est un animal raisonnable. Qui vous a passé cette définition ? sont-ce les loups, les singes et les lions, ou si vous vous l'êtes accordée à vous-mêmes ?” : La Bruyère utilise des questions rhétoriques, mais elles sont ironiques, elles mettent en avant l’absurdité de la thèse “L’homme est un animal raisonnable”. L’homme est en réalité un animal cruel et sans pitié. 

“Mais si vous voyez deux chiens qui s'aboient, qui s'affrontent, qui se mordent et se déchirent, vous dites : "Voilà de sots animaux" ; et vous prenez un bâton pour les séparer.” : Comme un moraliste, le narrateur essaye de faire comprendre aux hommes que la guerre est quelque chose qu’ils condamnent la guerre pour les animaux mai pas  pour eux. 

 

B. Une intelligence mise au service du mal

 

“C'est déjà une chose plaisante que vous donniez aux animaux, vos confrères, ce qu'il y a de pire, pour prendre pour vous ce qu'il y a de meilleur. “ : L’homme est un être avare, il utilise son intelligence pour son propre avenir, et ne pense pas à celui des autres.  

“Vous avez déjà, en animaux raisonnables, [...] imaginé les lances, [...] et à mon gré fort judicieusement; car avec vos seules mains que vous pouviez-vous vous faire les uns aux autres, [...] ou tout au plus vous arracher les yeux de la tête ?” : La Bruyère joue encore une fois avec l’ironie, en représentant l’homme comme un personnage acharné et épouvantable. Toujours avec l’ironie, La Bruyère montre son acceptation de la guerre comme si il était fier de notre criminalité, alors que c’est bien évidemment le contraire de ce qu’il pense. 

“au lieu que vous voilà munis d'instruments commodes, qui vous servent à vous faire réciproquement de larges plaies d'où peut couler votre sang jusqu'à la dernière goutte, sans que vous puissiez craindre d'en échapper.” : Encore une fois,La Bruyère recours à l’ironie pour montrer que l’homme utilise son intelligence pour fabriquer des armes, pour faire la guerre, pour tuer au lieux de s’ingénier à trouver des moyens d’améliorer leur qualité de vie et de la prolonger. 

“vous avez de petits globes qui vous tuent tout d'un coup, [...] vous en avez d'autres, plus pesants et plus massifs, qui vous coupent en deux parts ou qui vous éventrent, sans compter ceux qui tombant sur vos toits, [...] font sauter en l'air, avec vos maisons, vos femmes qui sont en couche, l'enfant et la nourrice” : La Bruyère utilise des périphrases pour parler des balles de fusil et des boulets de canon, ce qui lui permet d’insister sur les dégâts causés par ce type d’armes.

 

II) L'absurdité de la guerre

A. Un message à destination des hommes

 

“Je ne parle point, ô hommes, de vos légèretés, de vos folies et de vos caprices, qui vous mettent au-dessous de la taupe et de la tortue” : Bruyère utilise une prétérition, pour accuser les hommes de folie et les mettre face à leurs erreurs en les comparant négativement aux animaux.  

“mais écoutez-moi un moment” : La Bruyère a une attitude plus autoritaire en s’adressant directement aux hommes afin de les persuader qu’ils sont dans l’erreur. 

“Que si l'on vous disait que tous les chats d'un grand pays se sont assemblés par milliers dans une plaine, et qu'après avoir miaulé tout leur soûl, ils se sont jetés avec fureur les uns sur les autres” : Grâce à cette métaphore, il est plus facile pour l’homme de se rendre compte de la bêtise de la guerre, qui est une chose d’abominable et à laquelle on ne peut pas trouver de justification. 

“que de cette mêlée il est demeuré de part et d'autre neuf à dix mille chats sur la place, qui ont infecté l'air à dix lieues de là par leur puanteur” : Cette métaphore représentant les hommes à la guerre, renforce l’idée absurde de la guerre, de ce massacre et de cette boucherie qui a des conséquences auxquelles on pense rarement. Que va-t-il advenir du champ de bataille ? Personne ne s’en préoccupe, c’est pourtant bien à ces endroits que se propagent des maladies mortelles.

 

B. La dénonciation de la recherche de la gloire et de ses conséquences

 

“Et si les uns ou les autres vous disaient qu'ils aiment la gloire, concluriez-vous de ce discours qu'ils la mettent à se trouver à ce beau rendez-vous, à détruire ainsi et à anéantir leur propre espèce ?” : Cette question rhétorique souligne le fait que la guerre a pour seul but d’obtenir de la gloire. Le ravage d’une civilisation uniquement pour un fragment de gloire qui n'avance en rien la vie humaine, au contraire. 

“vous en avez d'autres, plus pesants et plus massifs, qui vous coupent en deux parts ou qui vous éventrent, sans compter ceux qui tombant sur vos toits, [...] et font sauter en l'air, avec vos maisons, vos femmes qui sont en couche, l'enfant et la nourrice : et c'est là encore où gît la gloire ; elle aime le remue-ménage, et elle est personne d'un grand fracas” : Pour les hommes, il ne suffit pas de s’entretuer sur le champ de batail, il faut aussi massacrer les familles et ravager les villes. La Bruyère introduit ici le pathétique avec l’image des femmes en train d’accoucher puisqu’elles viennent de donner la vie, et cette vie est littéralement écrasée dès la naissance par les soldats, comme s’ils écrasaient une fourmi.

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