La Vénus d'Ille de Mérimée, analyse de l'oeuvre intégrale

La Vénus d'Ille de Mérimée, analyse de l'oeuvre intégrale

L’incipit

La nouvelle commence le soir, près du village de Ille dans le sud-ouest de la France. 

Le narrateur dit “Je”. On ne connaît pas son nom mais on sait qu’il est spécialiste des antiquités.

C’est surtout le Catalan qui parle pour raconter la découverte de la statue. On relève une différence de niveau de langue entre le Catalan peu instruit, et le narrateur archéologue qui parle en langage soutenu.

La statue est inquiétante parce qu’elle semble incassable, elle a un regard perçant, elle a cassé la jambe de Jean Coll et elle a un air méchant.

La statue fait la taille d’une véritable femme. 

Les “présents de Vénus” évoqués par M. de Peyrehorade sont à double sens puisque la statue est capable de blesser physiquement les hommes, mais ils représentent aussi les tourments de l’amour.

Le narrateur a un point de vue romantique sur le paysage, comme l’indique le champ lexical de l’admiration associé à celui de la nature dans la description du paysage.

Selon le narrateur qui a un point de vue rationnel (c’est un scientifique), la pierre a rebondi sur la statue. Mais selon les apprentis, c’est la statue qui a intentionnellement renvoyé la pierre à celui qui la lui avait lancée. Cette hésitation entre une explication surnaturelle et une explication logique est caractéristique du genre littéraire du fantastique.

 

La présentation de la statue

Le narrateur est impliqué dans la description car il y a beaucoup de pronoms personnels de 1ère personne du singulier : je et me. “Je m’attendais à quelque ouvrage du Bas-empire, je voyais un chef d’oeuvre du meilleur temps de la statuaire”.

Il s’agit d’une description subjective puisque le narrateur dit “je” et surtout il décrit ses émotions en présence de la statue.

Le narrateur exprime diverses émotions à la vue de la statue. D’abord il est surpris de voir que c’est une antique, ensuite il remarque son incroyable beauté, et enfin il est dérangé par son regard et son air méchants.

La statue est décrite de haut en bas. L’élément qui retient le plus l’attention du narrateur est le regard de la statue qui semble vivante tant ses yeux sont expressifs.

La description est faite d'un point de vue interne.

La focalisation interne contribue à installer le lecteur dans le doute car la description est marquée par les sentiments du narrateur intradiégétique (le narrateur est un personnage de l’histoire). Le champ lexical de la méchanceté est mêlé à celui de la beauté dans la description de la statue.

On apprend dans ce passage que la Vénus est vivante car il y a une trace sur les doigts de la statue, qui laisse penser  que la statue a renvoyé la pierre avec sa main.

 

Le mariage

Alphonse porte deux bagues, une qui ne ressemble pas à une alliance mais qu’il a prévu de donner à sa fiancée, et une autre qui ressemble à une alliance et qui lui a été donnée par sa maîtresse, donc symboliquement, il est déjà marié : “cette petite bague-là, ajouta-t-il en regardant d’un air de satisfaction l’anneau tout uni qu’il portait à la main”.

La fiancée d’Alphonse a dix-huit ans donc elle a dix ans de moins que lui, elle est très belle et séduisante mais pourtant Alphonse l’épouse pour son argent, ce qui choque le narrateur : “Quel dommage [...] qu’une si aimable personne soit riche, et que sa dot la fasse rechercher par un homme indigne d’elle !”

Alphonse ne se soucie pas du tout des sentiments de sa future femme : “Oh ! Madame Alphonse s’arrangera comme elle voudra !”

Dans ce passage, la femme de Peyrehorade apparaît pour la première fois. Elle défend les valeurs chrétiennes face à son mari qui veut encenser la Vénus, augmentant ainsi la puissance de l’idole païenne. Elle lui reproche également de vouloir célébrer le mariage un vendredi, car le vendredi est un jour de deuil et de jeûne pour les chrétiens qui commémorent la crucifixion de Jésus-Christ. Monsieur de Peyrehorade commet donc deux sacrilèges qui ne laissent présager rien de bon pour la suite de l’histoire.

Le narrateur souligne que la beauté de la Vénus est malgré tout supérieure à celle de la jeune fille parce que la statue à un fascinant “air de tigresse”.   

Alphonse dit avec fureur : “C’est cette maudite bague, s’écria-t-il, qui me serre le doigt, et me fait manquer une balle sûre !” Cette phrase a plusieurs significations. D’abord, il dit que la bague est maudite, et comme Vénus est déesse qui envoie des malédictions, le fait de donner la bague à la Vénus renforce son pouvoir maléfique. De plus, il lui passe la bague à l’annulaire, se mariant ainsi avec elle, sachant qu’il est déjà symboliquement marié à la Parisienne. Enfin, il dit clairement que ce mariage “lui serre le doigt” et l’empêche d’épouser la femme qu’il aime réellement (toujours la parisienne). En choisissant de faire un mariage d’argent plutôt qu’un mariage d’amour, il se maudit lui-même.

Alphonse humilie l’Aragonais à la fin de la partie de jeu de Paume, comme il va humilier la Vénus en épousant mademoiselle de Puygarrig.

Alphonse ayant oublié la bague en diamants, il est obligé de donner comme alliance à sa femme, le gage d’amour de sa maîtresse. Il fera donc un piètre mari et cela est un mauvais présage.

L’emploi du temps défini la veille n’est pas respecté.

La séparation entre la fiancée et sa tante est pathétique : “un torrent de larmes et des embrassements sans fin”.

Le marié “était pâle et d’un sérieux de glace”. Le champ lexical de la mort apparaît pour décrire Alphonse juste après qu’il a vu que la statue a refermé sa main. 

Alphonse associe constamment la Vénus au diable. Il pense qu’elle est vivante puisqu’elle veut garder la bague et qu’elle peut bouger.

C'est un passage fantastique parce que deux explications sont possibles : une explication surnaturelle donnée par Alphonse : la Vénus est vivante, et une explication rationnelle donnée par le narrateur, c’est que Alphonse est ivre au point de délirer. Mais le narrateur est tout de même perturbé par les propos d’Alphonse.

Après le meurtre, la mariée raconte comment la statue a tué Alphonse, mais une fois de plus, on attribue son récit à la folie. Pourtant le lecteur comme le narrateur privilégie l’explication surnaturelle.

A la fin de la nouvelle, la statue est fondue en cloche et installée dans l’église d’Ille, ce qui fait que pour se venger, elle peut maintenant maudire toutes les personnes qui entrent dans l’église (puisqu’elle est païenne) : “Depuis que cette cloche sonne à Ille, les vignes ont gelé deux fois”.

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Commentaires: 2
  • #1

    vbcvhg (lundi, 16 octobre 2023 17:37)

    le résumé est très bien fait

  • #2

    Bobi (mercredi, 01 novembre 2023 11:34)

    Trop cool mrc madame