Analyse des Colchiques d'Apollinaire dans Alcools

Analyse du poème Les Colchiques d'Apollinaire dans Alcools

Commentaire composé

Guillaume Apollinaire est un des premiers poètes modernes de la fin du XIXème siècle. Son recueil Alcools est représentatif de son art poétique. Le poème “Colchiques” en est un exemple concret puisqu’il traite du thème traditionnel de la femme-fleur d’une manière surprenante. 

En quoi ce poème d’apparence classique est en fait résolument moderne ?

Nous verrons tout d’abord comment Apollinaire s’inspire de la poésie amoureuse romantique. Puis nous montrerons comment il rompt avec la tradition.

 

I) Un poème en apparence classique 

 

a) Comparaison entre la femme et la fleur

 

“tes yeux sont comme cette fleur-là” : il y a une comparaison entre la femme et la colchique. En parlant de ces yeux ils montrent que la femme peut être belle comme cette fleur mais aussi être comme du poison : “Lentement s'empoisonnent”. 

 

“Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères” : la comparaison continue avec les enfants mais cette fois elle est positive car les femmes sont mises dans la position de la mère, protectrice par rapport à son enfant. 

 

b) Le cadre bucolique

 

“Le pré est vénéneux mais joli en automne” : le venin vient des colchiques qui sont des fleurs qui peuvent empoisonner les hommes mais qui sont très belles de l’extérieur. 

 

le champ lexical de la nature : “pré” ; “vaches” ; “colchique” : “lilas” … : il permet d’ancrer le récit dans un cadre bucolique très présent chez la plupart des poètes classiques. 

“Le gardien du troupeau chante tout doucement” : le poème commence et termine par le thème bucolique. 

 

“Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne” : le grand pré est très fleuri mais sa floraison est toxique. 

 

II) Mais résolument moderne 

 

a) La forme 

 

Il n’y a pas de ponctuation et le poème est hétérométrique. 

 

“Les vaches y paissant” : seul vers qui ne rime avec aucun autre. Apollinaire sait faire de la poésie plus classique comme le montrent les autres rimes mais a choisi avec ce vers et le reste de la forme de ne pas le faire ce qui rend son poème moderne. 

 

b) Les thèmes dévoyés

 

“Les vaches y paissant” : en abordant un thème bucolique au départ classique, Apollinaire le modernise en ne parlant pas des beaux paysages de la nature mais des vaches. 

 

“Violâtres comme leur cerne et comme cet automne” : les couleurs sont décrites péjorativement avec le suffixe "- âtre" ce qui contraste avec l'importance de la beauté dans les poèmes classiques. 

 

“Les enfants de l'école viennent avec fracas” : Apollinaire rompt avec le thème bucolique de la nature en parlant d’enfants, un thème beaucoup moins commun, et en les faisant entrer bruyamment et en poursuivant avec une série d’allitérations dures : “Qui battent comme les fleurs battent au vent dément” : les dentales, donc en [d] et [t] donnent l’impression que les femmes mordent, et les allitérations et [r] montrent la difficulté d’Apollianire d’avoir une histoire d’amour et celles en [s] montrent sa souffrance dans ses expériences. 

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