Les rapports entre science et technique

Les rapports entre science et technique

La technique est une application de la science, c’est une connaissance désintéressée. Historiquement, la technique a pourtant précédé la science. Chez l’homme, le comportement le plus primitif est un comportement technique. Prométhée a donné aux hommes le feu et la technique, c’est-à-dire un moyen de survie dans un univers hostile. Le sens philosophique de ce mythe c’est que la technique a inauguré le premier rapport de l’homme avec la nature. L’étymologie de technique c’est techné : savoir faire qui va chercher à produire ce qui est utile. Les hommes préhistoriques procédaient par tâtonnements, essais et erreurs. Alain dit : « C’est un genre de pensée qui s’exerce sur l’action même, et qui s’instruit de continuels essais et tâtonnements, le principal effort de la pensée est de remarquer les succès en même temps que les circonstances et les actions sans rien omettre. »

La science est un comportement théorique qui a été tardif dans l’histoire, qui est apparu dans la civilisation grecque. Mais il y avait une séparation complète entre la théorix (science contemplative) et la poeïesis (production d’une œuvre extérieure à l’homme : les productions des artisans, agriculteurs, pêcheurs). La praxis était l’œuvre des esclaves. Le loisir était une activité théorique. La technique ne prendra son essor que lorsque la science interviendra. Par exemple la connaissance de la vitesse a permis de fabriquer des armes de plus en plus précises : la science rend la technique plus efficace. La technique peut précéder la science ou en être une application. La machine à vapeur est une technique qui a précédé la science : il faudra attendre 1825 avec Sadi Carnot qui a découvert les lois de la thermodynamique. Inversement, la science a besoin de la technique pour se développer. 

La technique est un moment constituant de la production de la pensée scientifique. La technique n’est pas une science appliquée au sens où la science aurait précédé la technique et il faut donner actuellement un contenu moderne de la technique. Le technicien actuel n’a pas qu’un savoir faire comme dans l’Antiquité, il a un savoir ; il n’est pas seulement habile, il connaît des lois permettant d’être plus habile et plus efficace. Il faut faire une distinction entre le technicien et l’artisan. L’artisan a un savoir empirique : il va imiter une forme mais il ne va pas s’interroger sur les lois ; c’est une connaissance par expérience. Le technicien a un savoir faire mais il fabrique les objets à partir d’un savoir théorique. Ce qui nous permet de dégager un aspect important de la connaissance scientifique qui a pour vocation de dégager les lois indépendamment des cas particuliers, les lois scientifiques sont générales alors que la connaissance empirique part des cas particuliers et de l’expérience répétée.

Le projet cartésien a été pourtant de développer les sciences pour qu’elles soient riches d’exploitations techniques. Dès le XVIIème siècle Descartes fait une liaison entre la technique et la science dans son Discours de la méthode. Son projet c’est de faire de la technique une force de libération pour l’homme : « Il faut se rendre comme maître et possesseur de la nature ». le scientifique Francis Bacon dit : « On ne commande à la nature qu’en lui obéissant », je ne peux maîtriser la nature que si j’en connais les lois. Pour Descartes il faut expliquer et rendre compte de l’utilité de la physique à tous les citoyens et transmettre les connaissances dans un but d’utilité mais aussi dans un but moral, pour rendre l’homme plus sage. Pour lui les deux buts de la physique sont d’abord d’être utile aux hommes en remplaçant les forces musculaires par des forces naturelles (remplacer le travail de l’homme par des machines). Le deuxième but, qui va entraîner la sagesse de l’homme, c’est de protéger sa santé. Descartes a écrit un traité de médecine, le Traité de l’homme. La médecine doit donc nous libérer des maladies du corps mais aussi nous aider à maîtriser certaines passions en soignant les désordres du corps car pour Descartes la source des passions est corporelle. Nous sommes pour lui une union entre le corps et l’âme. L’union entre le corps et l’âme est impossible à prouver mais on peut l’éprouver. Descartes met en œuvre le projet d’une technique comme science appliquée : connaître la nature dans un but pratique et moral.

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