Introduction

Dans ce poème, Charles Baudelaire explore avec une profondeur émotive la relation qu'il entretenait avec sa nourrice, en utilisant la mort comme un prisme à travers lequel il exprime son affection et sa reconnaissance. La figure de la nourrice, à la fois aimante et absente, devient un symbole puissant de l'affection perdue et de la fascination de Baudelaire pour la mort.

I) L’éloge de la servante

Baudelaire débute son poème par un éloge de sa nourrice, soulignant l'affection profonde qu'il lui portait, en contraste avec l'attitude de sa mère. Il utilise des termes chaleureux comme "au grand cœur" pour décrire sa nourrice, mettant en lumière la profondeur de leur lien. Ce lien est renforcé par sa volonté de lui rendre hommage avec des fleurs, un geste traditionnel de respect et d'affection envers les défunts. Baudelaire exprime un sentiment de culpabilité collective, suggérant que les vivants, y compris sa mère, sont ingrats envers ceux qui les ont quittés. Il imagine sa nourrice revenant sous forme de spectre bienveillant, veillant sur lui, ce qui témoigne de son désir persistant de sentir sa présence et son amour, même après sa mort. Cette affection est contrastée avec l'attitude de sa mère, qu'il perçoit comme dépourvue de la chaleur et de la compréhension maternelle que sa nourrice lui offrait.

II) L’omniprésence de la mort

La mort est un thème omniprésent dans ce poème, servant de toile de fond à l'expression de l'affection de Baudelaire pour sa nourrice. Il évoque sa tombe, décrite de manière humble et simple, soulignant la modestie de sa vie et de sa mort. La mort est personnifiée et décrite avec empathie, comme si les morts ressentaient encore des émotions, reflétant la profonde sympathie de Baudelaire pour sa nourrice défunte. L'automne, avec ses vents mélancoliques et ses arbres dépouillés, est utilisé comme métaphore de la mort, renforçant le sentiment de perte et de nostalgie. Baudelaire se projette dans le monde des morts, s'identifiant à leur solitude et à leur silence, ce qui reflète son propre sentiment d'isolement et de mélancolie. La description réaliste de la décomposition des corps souligne la finalité de la mort, tandis que l'enjambement et les images de solitude et de temps qui passe illustrent la perpétuelle séparation entre les vivants et les morts.

Conclusion

À travers ce poème, Baudelaire rend hommage à sa nourrice en exprimant son affection et sa gratitude, tout en explorant sa propre fascination pour la mort. La mort devient un moyen pour lui de se connecter avec sa nourrice, de ressentir sa présence et de partager sa solitude. Ce poème illustre la capacité de Baudelaire à transformer la mélancolie et la mort en une expression poignante de l'amour et du souvenir.