Analyse de L'île des esclaves de Marivaux

Analyse de L'île des esclaves de Marivaux

Les thèmes de la pièce

1) Le cadre spatio-temporel

L’action se déroule sur une île utopique qui n’est pas géographiquement localisée. La mode de l’époque est à l’exotisme et aux récits de voyage. Les indications de lieu n’ont rien de précis et présentent l’île comme un espace dangereux : « une mer et des rochers ». Cependant on sait que l’île est habitée puisqu’on y trouve « quelques arbres et des maisons ». L’hostilité du milieu naturel associe le décor au naufrage. Mais ce décor représente davantage un risque social qu’une réelle menace de mort puisque les personnages ne meurent pas dans une comédie. On apprend rapidement que cette île a été colonisée « depuis cent ans » par des esclaves grecs révoltés. Les références à Athènes sont fréquentes, ce qui induit un parallèle avec la démocratie athénienne et La République de Platon. Cependant les relations entre maîtres et valets sont de toute évidence contemporaines, tout comme les costumes et les références culturelles : « le corset », « la loge au spectacle ».

Le choix de ce cadre spatio-temporel flou est motivé par la crainte de la censure. 

 

2) Les accessoires

Les accessoires sont des éléments codifiés qui orientent la compréhension symbolique des personnages.

L’épée marque l’appartenance à la classe noble. Associée au bâton, elle représente la violence d’Iphicrate qui, comme son nom l’indique, est un personnage autoritaire qui abuse de son pouvoir.

 

 3) Maîtres et valets

Iphicrate incarne le maître violent, manipulateur et vaniteux. Par opposition le valet Arlequin montre des qualités humaines et morales sous sa traditionnelle naïveté et sa gaieté. Il s’inscrit dans la tradition des valets de comédie. Trivelin est le meneur de jeu. C’est un valet affranchi qui se nomme lui-même gouverneur de l’île, le champ lexical du pouvoir est très présent dans ses répliques. Euphrosine quant à elle, se place en dehors de toute hiérarchie sociale et place au premier plan l’universalité des sentiments humains.

 

4) Le thème de l’honnête homme

L’adjectif honnête est apparenté à l’honneur. L’honnête homme incarne la droiture, la fidélité, la décence et la politesse, autant de qualités qui font défaut aux maîtres dans la pièce. L’honnête femme, quant à elle, se doit surtout d’être vertueuse. Les leçons de la pièce portent sur les valeurs morales de l’individu. Ce sont les valets qui ont fait preuve de grandeur d’âme, d’abord en renonçant à se venger, puis en n’abusant pas de leur pouvoir au moment du renversement des rôles de maître et valet. Marivaux prône l’égalité de tous les êtres humains, hommes et femmes.

Analyse de la scène 2

Introduction : Marivaux, auteur moraliste du XVIIIe siècle, écrit L’île des esclaves en 1725. Cette pièce raconte l’histoire de deux maîtres et de leurs esclaves qui échouent sur une île, où la hiérarchie de maître et esclaves se voit renversée, dans le but de faire prendre conscience des actes inhumains des maîtres. Dans cet extrait de la scène II, Trivelin explique les lois de l’île et leurs buts à Iphicrate et à Arlequin. Cet extrait nous amène à nous questionner sur le renversement de la hiérarchie et ses objectifs. Pour ce faire, nous étudierons le renversement de la hiérarchie maîtres/esclaves ainsi que la correction du comportement de l’humanité. 

 

I) Renversement de la hiérarchie maîtres/esclaves

Premièrement, dans cet extrait, deux maîtres et leur esclave échouent sur une île, où, les lois sont contraires à celles qu’ils ont toujours connues. Sur cette île, les esclaves se vengent de leur maître en prenant leur rôle, ce qui peut s’apparenter à un apologue, car cette situation est purement utopique : “la première loi qu'ils y firent fut d'ôter la vie à tous les maîtres que le hasard ou le naufrage conduirait dans leur île, et conséquemment de rendre la liberté à tous les esclaves.” La présence du mot “île” dans le titre de l’oeuvre renforce également l’idée d’utopie. Les esclaves doivent se comporter comme leur maître pour qu’ils prennent conscience des supplices qu’ils ont infligés à leur esclave. : “nous vous jetons dans l'esclavage pour vous rendre sensibles aux maux qu'on y éprouve.” Il y a donc un renversement hiérarchique entre maître et esclave, dont le but premier est de corriger les maîtres. : “Votre esclavage, ou plutôt votre cours d'humanité, dure trois ans, au bout desquels on vous renvoie si vos maîtres sont contents de vos progrès ; et, si vous ne devenez pas meilleurs, nous vous retenons par charité pour les nouveaux malheureux que vous iriez faire encore ailleurs” les maîtres sont alors contraints de prendre conscience de leurs actes sous peine de rester sous les ordres de leur esclave. Les esclaves doivent alors remettre leur maître sur le droit chemin, car, ils sont considérés comme inhumains. “pour vous rendre sains, c'est-à-dire humains, raisonnables et généreux pour toute votre vie.” Les maîtres qui jusqu’alors avaient le pouvoir, sont maintenant dominés par leurs esclaves.

 

II) Corriger le comportement de l’humanité

Dans cet extrait, le renversement de la hiérarchie maître/esclave a pour but de rendre les maîtres meilleurs, car ils sont considérés comme des êtres inhumains et malsains. : “pour vous rendre sains, c'est-à-dire humains, raisonnables et généreux pour toute votre vie”. Les maîtres, réduits à l’état d’esclave, doivent apprendre de leurs erreurs et prendre conscience du comportement abusif envers leurs esclaves. :  “Nous ne nous vengeons plus de vous, nous vous corrigeons ; ce n'est plus votre vie que nous poursuivons, c'est la barbarie de vos coeurs que nous voulons détruire”. Les maîtres dominaient leurs esclaves et n’éprouvaient aucune pitié à leur égard. L’esclavage des maîtres n’est pas à proprement parler un esclavage mais plutôt, une manière de les rendre plus humains : “Votre esclavage, ou plutôt votre cours d'humanité”. La Grèce abordée dans ce passage, renvoie à la situation d’Athènes, où, l’esclavage était un des fondements de la société athénienne : “Quand nos pères, irrités de la cruauté de leurs maîtres, quittèrent la Grèce et vinrent s'établir ici dans le ressentiment des outrages qu'ils avaient reçus de leurs patrons” cet extrait peut alors être perçu comme un enseignement moral visant à éduquer l’humanité, qui, ne peut pas être considérée comme humaine à part entière, aux vus de ses actions. Les maîtres ont l’obligation de corriger leur comportement : “si vous ne devenez pas meilleurs, nous vous retenons par charité pour les nouveaux malheureux que vous iriez faire encore ailleurs” s’ils ne respectent pas les lois qui leur sont imposées, ils se verront donner des années d’esclavage supplémentaires, pour qu’ils réussissent enfin, à devenir meilleurs et plus humains. De plus, les maîtres sont considérés comme malades : “vous voilà en mauvais état, nous entreprenons de vous guérir” leur esclavage aura alors pour but de les guérir de leur inhumanité.

Conclusion : Ainsi, nous avons pu étudier le renversement hiérarchique entre maîtres et esclaves et les nouvelles postures des maîtres et de leurs esclaves. De plus, nous avons également vu que cet extrait était une correction de l’humanité, visant à humaniser les maîtres. Malgré ce renversement de hiérarchie et le désir de rendre les maîtres plus humains, cette pièce n’est qu’une utopie et maîtres et esclaves reprendront chacun leur propre rôle à la fin.

Analyse de la scène 3

I) Trivelin mène le jeu

Trivelin domine la situation en relançant sans cesse Cléanthis tout en faisant semblant de ménager Euphrosine alors qu’en réalité il se moque d’elle : «Achevez, achevez ; Madame soutiendra bien le reste». Trivelin sert en quelque sorte d’arbitre dans la joute verbale qui oppose les deux femmes. Le but de Trivelin est d’encourager Cléanthis à révéler à sa maîtresse à quel point son comportement est affecté et ridicule : «J’allais parler des vapeurs de mignardise auxquelles Madame est sujette à la moindre odeur».

 

II) Les réactions des deux femmes

Cléanthis se délecte de pouvoir enfin dire à sa maîtresse tout le mal qu’elle pense d’elle : «Vous en êtes aux deux tiers, et j’achèverai, pourvu que ça ne vous ennuie pas». Pour Cléanthis, cet exercice est une véritable libération psychologique, elle prend de plus en plus d’assurance et ne veut plus s’arrêter de médire sur sa maîtresse : «Ecoutez, écoutez, voici le plus plaisant». Euphrosine souffre de se faire ainsi humilier mais reste impuissante : «je ne puis en souffrir davantage».

 

III) L’art du portrait satirique

On voit que Cléanthis est la servante d’Euphrosine parce qu’elle continue à l’appeler «Madame». C’est important car cela révèle l’inversion des rôles de maître et valet dans ce passage. Cléanthis rend le portrait qu’elle fait d’Euphrosine vivant grâce à l’usage des paroles rapportées : «Cette femme-là est aimable, disiez-vous ; elle a les yeux petits, mais très doux : et là-dessus vous ouvriez les vôtres, vous vous donniez des tons, des gestes de tête, de petites contorsions, des vivacités. Je riais» Cléanthis commente son récit et l’agrémente de gestes que l’on peut facilement deviner malgré l’absence de didascalies. Cléanthis décrit sa maîtresse comme une précieuse ridicule : «Vaine, minaudière et coquette», c’est-à-dire superficielle, prétentieuse et hypocrite, toujours prête à jouer la comédie de la séduction : «Le lendemain en compagnie une rose parut, crac, la vapeur arrive». Euphrosine accorde énormément d’importance au regard des autres et passe son temps à mettre en scène sa propre vie, elle manque cruellement de sincérité, tout n’est qu’apparence dans ses gestes quotidiens : «Cependant on se mire, on éprouve son visage de toutes les façons». Le portrait que Cléanthis fait d’Euphrosine constitue une critique sociale puisque les nobles sont décrits comme oisifs, s’attelant uniquement à des jeux de séduction et aux caprices de la mode pendant que leurs domestiques s’épuisent au travail pour leur rendre la vie douce et facile.

Analyse de la scène 6

 I) Le théâtre dans le théâtre

a) L’imitation

 Arlequin et Cléanthis imitent les manières de leurs anciens maîtres en se faisant la cour. Cléanthis ordonne à Arlequin : “Soupirez pour moi ; poursuivez mon cœur, prenez-le si vous le pouvez, je ne vous en empêche pas ; c'est à vous de faire vos diligences ; me voilà, je vous attends ; mais traitons l'amour à la grande manière, puisque nous sommes devenus maîtres ; allons-y poliment, et comme le grand monde.” Elle lui ordonne grâce à l’impératif de l’aimer “comme le grand monde” : cette comparaison renvoie à la noblesse. Ainsi, elle décrit ce type d’amour comme “poli” et avec de “grande[s] manière[s]”.

 

 L’imitation se fait ressentir à travers les suggestions de Cléanthis, qui reprend exactement les manières de sa maîtresse, et la rend même ridicule : “Tenez, tenez, promenons-nous plutôt de cette manière-là, et tout en conversant vous ferez adroitement tomber l'entretien sur le penchant que mes yeux vous ont inspiré pour moi. Car encore une fois nous sommes d'honnêtes gens à cette heure, il faut songer à cela ; il n'est plus question de familiarité domestique. Allons, procédons noblement, n'épargnez ni compliment ni révérences.” Cléanthis décrit Euphrosine comme une femme orgueilleuse et précieuse qui cherche à être rassurer sur sa beauté grâce à des compliments.

 

b) L’exagération

Arlequin se met à genoux devant Cléanthis comme le montre la didascalie “ARLEQUIN, riant à genoux” pour lui prouver son amour. Cette pratique est exagérée : c’est une parodie de l’amour courtois. Arlequin obéit aux ordres de Cléanthis tel un chevalier servant, et se tourne en ridicule : “ARLEQUIN. - Votre volonté vaut une ordonnance.”

 

 Le jeu de séduction est exagéré par Arlequin “ARLEQUIN. - Eh palsambleu ! le moyen de n'être pas tendre, quand on se trouve en tête à tête avec vos grâces ?”. Il introduit une critique de la bienséance en la ridiculisant. En effet, les compliments qu’il fait à Cléanthis sont disproportionnés.

 

 II) Une critique de la société

a) L’inversion des rôles

En devenant maîtres, Arlequin peut donner des ordres à Iphicrate, ce à quoi il n’est pas habitué :“ARLEQUIN. - Votre volonté vaut une ordonnance. (A Iphicrate.) Arlequin, vite des sièges pour moi, et des fauteuils pour Madame. IPHICRATE. - Peux-tu m'employer à cela ? ARLEQUIN. - La république le veut.”  Arlequin justifie son action en montrant à Iphicrate que c’est le pouvoir, et la volonté de tous qui s’exprime à travers ses ordres.

 

 L’inversion des rôles se voit à travers la remarque de Cléanthis qui s’ennuie de jouer un rôle : “Effectivement, dans le cas où je suis, il pourrait y avoir de la petitesse à m'assujettir à de certaines formalités qui ne me regardent plus”. Elle décrit un comportement réservé aux nobles et admet un fait de société : il y a des comportements réservés à une certaine classe sociale.

 

b) La remise en cause de l’esclavage

Arlequin critique les maîtres en les décrivant comme “bouffons”. Ainsi, en faisant la cour à Cléanthis il admet : “Nous sommes aussi bouffons que nos patrons, mais nous sommes plus sages.” Les valets sont plus raisonnables que les maîtres, car ils sont moins maniérés, et donc moins ridicules. Ils sont aussi plus sincères puisqu’ils ne se soumettent pas à ces protocoles hypocrites.

 

 Les valets ont des qualités que les maîtres n’ont pas, et sont en réalité plus sages qu’eux : “ Ils n'ont jamais rien aimé de si raisonnable, et nous sommes d'excellents partis pour eux.” Ainsi, il remet en cause le statut d’esclave car les valets sont vertueux, et ne méritent pas d’être traités comme des moins que rien. Arlequin oppose le mariage d’amour, prôné par les valets, et le mariage de raison, qui est d’usage chez les aristocrates.

Analyse de la scène 8

Dans cette scène Arlequin tente de séduire Euphrosine à la manière des amoureux des salons mondains («Vous êtes si belle, il faut vous donner son coeur», «Reine, je suis bien tendre») mais c’est un échec car Euphrosine prend sa déclaration d’amour pour un affront et une humiliation de plus, elle ne peut supporter d’être courtisée par un valet : «Voici le comble de mon infortune». 

La tonalité comique amenée par le personnage d’Arlequin («Vous me trouvez un peu nigaud, n’est-il pas vrai ?») s’efface au profit de la tonalité tragique portée par le personnage d’Euphrosine qui se lamente à la manière d’une héroïne de tragédie, insistant sur le champ lexical de la souffrance et le registre pathétique («j’ai besoin de la compassion de tout le monde», «que mon esclavage, que ma douleur t'attendrissent», «je n’ai que mon désespoir pour tout secours»), et le champ lexical du destin tragique («Ne persécute point une infortunée», «et si tu n’as point d’égard au rang que je tenais dans le monde, à ma naissance»).

Arlequin est un personnage à la fois comique et émouvant car ses sentiments sont sincères : «Arlequin, abattu et les bras abaissés, et comme immobile». Il est violemment rejeté par Euphrosine qui le juge indigne d’elle. Les conventions sociales sont plus fortes que l’amour, même si le personnage d’Euphrosine a évolué depuis la scène 3 dans laquelle sa servante Cléanthis dressait d’elle un portrait acerbe. Euphrosine comprend les avantages sociaux dont elle jouissait sans s’en rendre compte maintenant qu’elle en est déchue : «et si tu n’as point d’égard au rang que je tenais dans le monde, à ma naissance, à mon éducation, du moins que mes disgrâces, que mon esclavage t’attendrissent». C’est une scène de renversement entre maître et valet donc le badinage amoureux n’est pas possible. Le fossé qui sépare Euphrosine d’Arlequin est trop grand pour être franchi car le manque d’éducation d’Arlequin l’empêche de communiquer clairement avec Euphrosine comme l’indique sa réplique : «c’est que je vous aime, et que je ne sais comment vous le dire.

Ainsi dans cette scène riche en émotion Marivaux mélange les genres de la comédie et de la tragédie et met en valeur les valeurs de la sincérité et de la compassion.

Analyse de la scène 9

 I) Un renversement de situation inattendu après la résolution du conflit

 

 “As-tu encore quelques nouvelles insultes à me faire?” : D’après cette phrase cela nous montre qu’Arlequin est actuellement le maître d’Iphicrate et qu’il en a profité pour lui parler durement. Arlequin tutoie Iphicrate, ce qui montre bien qu’il se sent son égal.

 “Je le peux puisque je le fais” souligne la toute-puissance d’Arlequin, et aussi le fait que la parole au théâtre est performative : c’est la parole qui accomplit l’action.

 

 “et tu perdras bientôt ce malheureux maître qui ne te croyait pas capable des indignités qu’il a souffertes pour toi” : Iphicrate se voit toujours comme un maître.

 

 Arlequin et Iphicrate règlent leurs comptes. “Tu disais bien que tu m’aimais, toi, quand tu me faisais battre” : Iphicrate nous narre que si Arlequin l’aimait vraiment il ne l’aurait pas injurié alors que Iphicrate lui disait qu’il aimait Arlequin tout en le frappant avec un bâton. Iphicrate est totalement illogique dans ses paroles. Arlequin en revanche tient un raisonnement logique pour prouver ses torts à Iphicrate : “ Tu as raison, mon ami, tu me remontres bien mon devoir ici pour toi, mais tu n’as jamais su le tien pour moi”.

 Iphicrate en demande toujours plus en questionnant Arlequin sur le fait qu’il n’ai pas pensé à l’affranchir et à changer les coutumes de cette île par amitié pour lui : “qui les eût engagés peut-être à renoncer à leur coutumes ou à m’en affranchir”.

 

 “Rendez moi mon habit, et reprenez le votre; je ne suis pas digne de le porter”

 “Je ne saurais retenir mes larmes. Fais ce que tu voudras” : Le renversement final est surprenant et donne l’apparence d’un retour à la situation initiale alors que les choses ont changé en profondeur.

 

 II) Une leçon de compassion chrétienne

 

 “Je voulais te faire commandement d’aimer la nouvelle Euphrosine” : C’est un commandement d’amour, surprenant de la part d’un maître et c’est un commandement chrétien.

 

 “On m’avait promis que mon esclavage finirait bientôt” : Il est rare qu’un esclave soit affranchi par son maître, Iphicrate n’y croit pas, et pourtant Arlequin lui rendra sa liberté à la fin de cette scène.

 

 Arlequin fait de l’humour pour apaiser la discussion et apaiser Iphicrate : “je te défends de mourir par malice ; par maladie, passe, je te le permets”.

 

 Arlequin est l’esclave d’Iphicrate comme son père avant lui a été l’esclave du père de celui-ci : “Tu as été élevé avec moi dans la maison de mon père, le tien y est encore”. C’est pourquoi il se croit lié d’amitié avec lui, ce qui paraît absurde pour Arlequin et pour le spectateur car comment peut-on envisager de maintenir un ami en esclavage ? : “moi-même je t’avais choisi par un sentiment d’amitié pour m’accompagner dans mon voyage.”

 

 “J’ai plus pâti des tiens que des miens : mes plus grands défauts, c’était ta mauvaise humeur, ton autorité, et le peu de cas que tu faisais de ton pauvre esclave” : Arlequin nous explique que ce qu’Iphicrate estimait être ses défauts étaient en fait la conséquence de ses propres travers.

 

 “Je dois avoir le coeur meilleur que toi, car il y a plus longtemps que je souffre” : la douleur l’a rendu bon, c’est une image christique.

 

 “tu m’as battu par amitié, puisque tu le dis je te le pardonne” : Arlequin fait de l’ironie car évidemment on ne frappe pas quelqu’un par amour, cependant il lui pardonne comme le ferait un chrétien, ce qui montre encore sa grandeur d’âme.

 

 “moi, je n’aurais pas le courage d’être heureux à tes dépens” : Arlequin par cette déclaration, montre son erreur à Iphicrate et lui donne une leçon d’humanité.

 

 Sa leçon est bien comprise par Iphicrate qui regrette d’avoir été un mauvais maître : “je me ressouviendrai toujours que je ne méritais pas d’être ton maître”.

 

 “Rendez moi mon habit, et reprenez le votre; je ne suis pas digne de le porter”

 “Je ne saurais retenir mes larmes. Fais ce que tu voudras” : Arlequin doit redevenir l’esclave pour que la leçon soit complètement acquise et tout revient dans l’ordre des choses.

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