Analyse du poème Les usines de Verhaeren

Analyse du poème Les usines de Verhaeren

Le recueil Les Villes tentaculaires, écrit en 1895 évoque la désertification des paysages et des villes qui sont envahis par l’industrialisation. Il tente cependant de traduire l’effort des humains dans un poème plein de lyrisme. Nous tenterons de répondre à la question comment Verhaeren utilise-t-il le décor industriel pour dénoncer la déshumanisation des usines à travers une transfiguration visionnaire ? Pour cela, nous étudierons dans un premier temps le décor industriel, ensuite comment il arrive à déshumaniser les usines, et finalement comment il opère une transfiguration visionnaire. 

 

I) Le décor industriel

a) La description de l'intérieur des usines :

Insistance sur le mouvement mécanique : les enjambements miment le travail à la chaîne.

Le poète passe d’un plan interne à un plan externe ; il décrit tout d’abord l’intérieur des usines et ensuite l'extérieur. Les usines sont décrites de l’intérieur. 

On découvre les usines et le travail des ouvriers : “automatiques et minutieux, des ouvriers” (v1-2). 

C’est un univers froid, il n’y a aucune couleur présente.

Le temps semble compter, c’est une sorte de métronome : “tictacquement” (v2). 

 

b) Ensuite, les usines sont décrites de l’extérieur : “plus loin”. Le mot “ceinture” fait penser à un élargissement progressif. 

“les docks, les ports, les ponts, les phares Et les gares folles de tintamarres” : Verhaeren décrit différents endroits ce qui nécessite un déplacement : départ et arrivée “gares”, “ports”. 

“plus lointains encor des toits d'autres usines” : la vue est constituée entièrement d’industrie, d’usines. Cela témoigne du développement et montre que ce n’est que le début. 

 

II) La déshumanisation des usines

a) La robotisation : 

La robotisation : champ lexical de la machine : “automatiques” (v1), “tictacquement” (v2), “chocs”, “blocs”. 

Les sonorités miment le bruit évoqué : allitérations en [t] et en [k][ : “automatiques” (v1), “tictacquement” (v2). 

Les ouvriers sont réduits à leur travail, ils ne sont pas maîtres de leurs mouvements, ils sont contrôlés par les machines : “règlent” (v3). 

 

b) La solitude : 

Les sonorités miment le bruit évoqué : allitérations en [t] et en [k][ : “automatiques” (v1), “tictacquement” (v2). 

Les sonorités en [s] évoquent la souffrance et la solitude : absence de parole de la part des ouvriers qui sont comme oubliés : “silencieux” (v2), “La parole humaine abolie.”

Les ouvriers sont réduits à ce qu’ils fabriquent, ils ne parlent pas. 

 

III) La transfiguration visionnaire 

a) Le poète transcrit une vision fantastique d’un univers monstrueux : 

“fièvre et de folie” en parlant des machines. 

On observe des métaphores témoignant de la dureté de cet expansion : “murs”, “blocs”. 

 

b) Le développement des usines explose et contamine par sa pollution toxique les alentours en les rendant inhabitables :

 “ Voici les docks, les ports, les ponts, les phares

Et les gares folles de tintamarres ;

Et plus lointains encor des toits d'autres usines

[...] Mordent parfois le ciel, à coups d'abois et d'incendies.”

Verhaeren nous partage son témoignage sur l’expansion des usines et le monde industriel en utilisant la poésie qui est une alchimie. 

 

Conclusion :

Ainsi, à travers ce poème visionnaire, Verhaeren transfigure l’expansion industrielle des usines à la manière d’un alchimiste. 

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