Analyse de « Les hiboux » de Baudelaire dans Les Fleurs du mal

Analyse de « Les hiboux » de Baudelaire dans Les Fleurs du mal

En quoi les hiboux sont-ils des représentations des poètes et en particulier de Baudelaire ?

 

Le premier vers du poème “Sous les ifs noirs qui les abritent” montre la protection que la nuit apporte aux hiboux et aux poètes,  la nuit offre en effet, pour ces deux êtres, un moment de sécurité. Ce vers nous plonge dans une atmosphère romantique. Les hiboux ont un côté très discret, ils sont immobiles comme des statues et représentent donc la perfection selon l’idéal parnassien (“les hiboux se tiennent rangés ainsi que des dieux étrangers”, v.2 et 3).  De plus, l’oeil rouge des hiboux (“ dardant leur oeil rouge”) fait référence au rouge de la passion, et donc au romantisme. La fin du quatrième vers “ ils méditent” est mis en valeur par le changement de rythme et son détachement vers la droite. Cette citation montre à nouveau la sagesse et le calme des hiboux face au monde. Dans le deuxième quatrain, Baudelaire rallonge les vers afin d’introduire une réflexion sur le temps qui passe. En effet, avec l’enjambement du vers 5 sur le vers 6 (“Sans remuer ils se tiendront jusqu’à l’heure mélancolique”) puis le rejet du vers 6 sur le vers 7 (“Où, poussant le soleil oblique, les ténèbres s’établiront”), Baudelaire introduit une réflexion sur lenteur du temps qui s’écoule. On peut par ailleurs remarquer un hypallage dans les deux premiers vers de ce quatrain : “Sans remuer ils se tiendront jusqu’à l’heure mélancolique”, où le mot “mélancolique” renvoie à “ils se tiendront”, mais surtout au poète, et non à l’heure. Dans les vers 6 et 7 (“Où, poussant le soleil oblique, les ténèbres s’établiront”), Baudelaire fait une inversion du sujet afin de mettre en valeur les ténèbres. Les ténèbres sont ici le sujet et l’acteur principal : elles ne sont plus dans un rôle passif mais font l’action. Au vers 9 (“leur attitude au sage enseigne”), Baudelaire fait à nouveau, une inversion du sujet pour mettre le mot “enseigne” à la rime, et le mettre en valeur. Ici, c’est le hibou qui enseigne au sage car il est le modèle absolu et parfait de la sagesse.  Les rimes embrassées dans les quatrains évoquent l’idée de protection (enveloppé dans les ténèbres) qui sera perdue dans les tercets à cause du tumulte. Le premier tercet nous fait basculer du monde sécurisant des quatrains au monde dangereux du tumulte et du mouvement. Le dernier tercet est, quand à lui la morale du poème. En effet, Baudelaire explique qu’il ne faut jamais se mêler à la foule, car sinon le poète va souffrir et il regrettera de ne pas être resté caché dans son coin sombre. Cela dénote l’agoraphobie de Baudelaire. 

 

Ce poème, ayant adopté la forme fixe et régulière du sonnet, s’apparente à la forme parfaite d’une statue, idéal parnassien. Le hibou incarne la perfection de la beauté, de la sagesse et de l'immobilité ; c’est pourquoi il représente le dandysme de Baudelaire qui aspire à être parfait sans interruption.

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