Analyse de Brise marine de Mallarmé

Analyse de Brise marine de Mallarmé

Dans "Brise Marine", extrait de "Poésies", Stéphane Mallarmé, poète emblématique du 19ème siècle, aborde le thème récurrent de l'époque, celui du voyage et de l'ailleurs. Cette œuvre de jeunesse, composée de 16 vers en rimes plates, reflète l'influence de Baudelaire et matérialise l'élan lyrique vers un envol, une fuite de la réalité immédiate, marquée par un dégoût du présent et un appel irrésistible vers l'azur et les orages. Le poème, structuré autour de l'énumération de ce que rejette le poète, devient une affirmation répétée d'un désir de départ qui ne se concrétise pourtant pas, symbolisant ainsi le voyage comme métaphore de l'inspiration.

I. L'appel du voyage, le refus de l'environnement

  1. Une constatation désabusée

Dès le premier vers, Mallarmé exprime un profond désespoir, marqué par l'interjection « hélas ». Ce désir impérieux de s'éloigner s'accompagne d'une prise de conscience aigüe : l'ennui, avec une majuscule, est omniprésent. Mallarmé évoque un manque de joie et de sensualité avec la phrase « la chair est triste », et une lassitude vis-à-vis de la lecture, suggérant un épuisement face aux expériences sensuelles et au monde des livres.

  1. Le refus des liens

Le poète exprime un désir de rompre avec son environnement familial, utilisant l'adjectif possessif de la troisième personne pour parler de son enfant et de sa femme, ce qui indique une distance émotionnelle. Le poème se construit sur une syntaxe marquée par des négations répétées et des conjonctions, soulignant l'ennui et le désintérêt du poète pour son entourage immédiat. Ces éléments suggèrent que seule une évasion vers un ailleurs lointain et exotique peut offrir une solution à son malaise.

II. Le voyage rêvé

  1. Le voyage désiré

Le désir de fuite est manifeste, avec des exclamations telles que « fuir ! là-bas fuir ! ». Ce voyage imaginaire se pare de caractéristiques exotiques et baudelairiennes, où l'image des oiseaux évoque la liberté. L'utilisation récurrente du verbe « fuir » et une ponctuation expressive traduisent un enthousiasme marqué. Le poème navigue entre les cieux et la mer, où la mer prédomine dans le champ lexical. Ce voyage est également un périple vers l'inconnu et l'insolite, avec des références aux naufrages, aux orages, et à l'exotisme.

  1. Le voyage comme source d'inspiration

Ce désir de voyage s'inscrit dans une quête de renouvellement créatif. Les références aux oiseaux, aux cieux, et à l'écume inconnue sont autant de métaphores de l'inspiration et de l'élévation au-dessus d'un monde monotone. Le chant des matelots renvoie à l'association entre la création poétique et le voyage, et rappelle la figure des Sirènes de la mythologie grecque. La musicalité de la poésie se fait sentir dans les derniers vers, où rimes et sonorités s'harmonisent.

Conclusion

"Brise Marine" de Mallarmé, au-delà de sa dimension autobiographique, se déploie comme une métaphore de l'inspiration poétique. En exprimant ses doutes et ses incertitudes, Mallarmé parvient à transcender la page blanche. Ainsi, la poésie devient un moyen de salut, un exutoire qui lui permet de s'affranchir de ses contraintes et de s'élancer vers de nouveaux horizons créatifs.

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